“Quand j’entends le mot culture je sors mon revolver”, a déclaré Joseph Goebbels le patron de la propagande sous Adolf Hitler. Une phrase prononcée quelques semaines avant que les nazis ne brûlent tous les livres sur la place publique et la suite est bien connue.
Une citation célèbre d’ailleurs qui surgit brusquement lorsqu’on tente d’analyser de près le secteur culturel en Tunisie qui vit sous perfusion, décimé qu’il est par la crise sanitaire mais surtout parce qu’il est géré par un ministère intérimaire
depuis des mois à savoir le ministère du Tourisme.
Personne ne s’en soucie d’ailleurs Cela prouve quoi ?
Tout simplement l’absence d’une politique culturelle. Il suffisait d’avoir quelqu’un pour faire tourner la boutique. Un ministre de tourisme, un ministre de transport ou qu’importe, ce n’est qu’une administration à gérer.
Oui cela fonctionne comme ça dans la tête de certains de nos politiciens. La culture ce n’est pas prioritaire. Jusqu’au jour où la culture va tirer son revolver et le pointer sur ceux qui tentent de la confiner dans un profond déni. Oui cela peut commencer comme un conte « Et un jour, un film Tunisien fut sélectionné à la 93 cérémonie des Oscars pour la première fois dans l’histoire de ce petit pays plein de magie, de magiciens et de sorciers de tout poil« .
Il s’agit du film de la réalisatrice tunisienne Kaouther Ben Hania « L’homme qui a vendu son dos « , Oui un miracle ça arrive !
D’aucuns l’appellent un signe de Dieu ou d’une intelligence supérieure qui donne à la Tunisie la chance de redorer son image
sur le plan international.
Qu’est ce qu’on entend par là ? C’est que la nouvelle a fait trembler tout le monde artistique et culturel : un film tunisien parmi les cinq films étrangers en lice.
Pour toute la planète (et ce n’est pas un scoop) un oscar est une affaire politique et cela peut changer le destin de certains pays et leur dynamique culturelle si un film obtient le fameux trophée. Toute la diplomatie culturelle du monde le sait d’ailleurs. Dans une émission diffusée sur Al Watanya le producteur du film Habib Attia, a déclaré « c’est le moment de travailler sur le film et de créer un lobbying pour le soutenir sur la dernière ligne des oscars« .
Nous précisons ici que le mot lobbies est à prendre dans son sens constructif de soutien à une cause. Et voici que nous sommes brusquement mis à nu car la Tunisie n’a pas de diplomatie culturelle ni de réseau culturel qu’elle agitera pour soutenir son image et sa culture à l’étranger.
Dans nos ambassades les chargés culturels remplissent d’autres tâches administratives et très peu culturelles. Un lobbying ça se travaille et sur des années s’il le faut, de manière à donner de la visibilité au cinéma tunisien et à ses difficiles combats. Au ministère des affaires étrangères il ne semble pas avoir un bureau chargé de la promotion de la culture à l’étranger. À l’heure qu’il est tout le réseau de la diplomatie culturelle aurait dû être mis à contribution. Et dire que d’autres nations tremblent que la Tunisie va arracher son premier Oscar.
L’amer constat est là !
on ne sait pas construire sur les cadeaux que le ciel nous donne. Tout comme on n’a pas su capitaliser sur notre prix Nobel que la Tunisie a obtenu en 2015. En langage de contes c’est le prince qui demande la main de la bergère sauf que dans notre cas le père de la bergère ne veut même pas la marier. Il fera tout pour la cacher au prince.
Par S.T.