Projection du film documentaire « Om layoun », « Mère des sources » à la Cité de la culture
On voit souvent des gens se révolter contre le système et se plaindre à cause des coupures d’eau qui se font occasionnellement en Tunisie. Mais est-ce qu’on s’est rendu compte que plusieurs Tunisiens n’ont pas accès à l’eau potable dans leur région, et qu’ils ne parviennent même pas s’approvisionner en eau ? Il s’agit bien, pourtant, d’un droit humain fondamental. Un sujet complexe qui requiert une grande réflexion et une prise de conscience. Et c’est l’objet même du film documentaire « Om layoun », projeté hier à la Cité de la culture.
« Mère des sources » a été conçu pour mettre l’accent sur la situation des habitants de plusieurs régions de la Tunisie, privés de leur droit le plus élémentaire, l’eau potable. Et ce, à cause des lobbies qui se cachent derrière des lois qui servent leurs intérêts. Ils marchandent l’eau et en font un produit qui se vende et s’achète au détriment des petits paysans, des pauvres et des ménages modestes.
Le long-métrage « vise à faire la démonstration que si toute l’eau de la terre ne suffira jamais à faire fleurir tous les déserts du monde, l’eau disponible suffirait largement à couvrir l’ensemble des besoins humains et économiques, pourvu qu’on cesse de la considérer comme une marchandise objet d’accumulation, de privatisation et de commercialisation. Ainsi, le film défend l’idée que la rareté de l’eau, souvent avancée comme un argument de gouvernance néolibérale, est induite par le modèle économique dominant et non une donnée naturelle… »
Le long-métrage nous montre les femmes rurales, avec leurs ustensiles, qui traversent chaque jour un long chemin, en vue de s’approvisionner en eau et en arroser les arbres. « Parce que je pense à mes arbres » dit l’une des femmes. Elles sont également obligées de porter chaque jour des seaux lourds pour parvenir à faire le ménage, cuisiner, laver la vaisselle… « Je n’arrive plus à porter le seau », « on veut de l’eau dans nos maisons » réclament d’autres femmes qui ont le ras le bol d’une situation qui devient intenable.
Le réalisateur du documentaire Habib Ayeb a pointé les comportements des hommes politiques, qui sont aux abonnés absents quand il s’agit de traiter une question aussi vitale que celle de l’eau. Pour mener à bien ce film, le réalisateur a dû compter sur la bonne volonté de personnes qui ont répondu à l’appel de collecte de fonds. 137 personnes, au total, ont participé à cette collecte pour rassembler la somme de 12 mille euros. Une page virtuelle a été réservée à cette collecte faite dans la transparence totale.
L’idée, en effet, est d’éveiller les consciences et de bousculer le confort intellectuel des personnes qui se sentent à l’abri des problèmes liés à l’eau.
Linda Megdiche