Le Fond Monétaire International a publié, vendredi 26 février 2021, un rapport concernant la situation économique de la Tunisie. Ce rapport rappelle la crise économique inédite que traverse le pays depuis l’Indépendance sur fond de pandémie du COVID-19 et une réticence à engager les réformes nécessaires aujourd’hui devenues vitales.
Pour la première fois, l’organisation internationale évoque le « rétablissement de la soutenabilité de la dette ». En d’autres termes, la dette est actuellement insoutenable si les réformes nécessaires ne sont pas appliquées.

Le constat du FMI post-COVID-19

Pour la Tunisie, l’année 2020 a été marquée par le triste record d’une croissance négative à hauteur de -8,2% du PIB. L’économie a été frappée de plein fouet par la crise sanitaire du COVID-19. Cela a eu pour effet l’augmentation du taux de chômage à 16,2% ainsi que la baisse des exportations et l’effondrement des recettes du tourisme. Le rapport du FMI note aussi la baisse des importations et un chômage touchant en particulier les jeunes et les femmes.

Des recettes en moins et des dépenses qui explosent

Face à la crise sanitaire, des embauches supplémentaires ont été nécessaires en particulier dans le secteur de la santé. 40% des embauches en 2020 ont eu lieu dans le secteur de la santé. Le FMI note que cela a fait croître le poids de la masse salariale à hauteur de 17,6% du PIB « soit l’une des plus élevées dans le monde ». Cette situation est aggravée par la baisse des recettes fiscales.
Pour l’année 2021, le Conseil d’Administration du FMI rappelle que la croissance devrait atteindre 3,8% sous réserve d’une atténuation des effets de la pandémie et la mise en place d’un calendrier des vaccinations. Une croissance qui reste tributaire de la politique budgétaire qui sera engagée ainsi que les réformes structurelles et l’amélioration de la gouvernance.

Les recommandations du Conseil d’Administration du FMI

Les administrateurs fixent trois priorités pour la Tunisie à savoir, sauver les vies, les moyens de subsistance de la population et la stabilisation de l’économie jusqu’à l’atténuation de la pandémie en cours.
Le gouvernement devra aussi fixer une politique économique capable de rétablir la soutenabilité des finances publiques et de la dette ainsi que la promotion d’une croissance inclusive.

Siège du FMI à Washington

Selon le FMI, des réformes budgétaires doivent être mises en place pour réduire le déficit. Cela passe par une réduction de la masse salariale et la limitation des subventions énergétiques tout en accordant la priorité aux dépenses nécessaires dans le secteur de la santé et l’investissement.

Une dette insoutenable

A défaut d’une réforme solide, crédible et bénéficiant d’un soutien étendu, la dette publique de la Tunisie risque de devenir insoutenable, note le conseil d’administration du FMI.
D’autres réformes doivent être engagées en matière de fiscalité visant à la rendre plus équitable et favorable à la croissance. La question épineuse des dettes des caisses de la sécurité sociale est citée dans le rapport du FMI qui recommande leur épuration.

Concernant les entreprises publiques, les administrateurs du FMI insistent sur la nécessité d’opérer des réformes pour réduire les passifs et renforcer leur gouvernance. En matière de politique monétaire, le rapport rappelle que l’inflation doit demeurer la préoccupation primordiale. Le gouvernement est vivement encouragé à éviter le financement monétaire du budget.

Le FMI préconise la promotion de l’activité du secteur privé pour augmenter la croissance. Cela passe par l’élimination des monopoles, la suppression des obstacles règlementaires et l’amélioration du climat des affaires.