Le nouveau cabinet gouvernemental proposé par Hichem Mechichi, qui attend le vote de confiance des députés de l’ARP, le 26 janvier 2021, connaîtra-t-il le même sort que celui de son prédécesseur, Elyès Fakhfakh, pour cause de conflit d’intérêts ?

C’est en tout cas ce que laissent entendre les révélations de l’organisation I WATCH, publiées sur sa page Facebook, dans la soirée de ce jeudi 21 janvier 2021.

L’organisation souligne que le gouvernement proposé le 16 janvier par Mechichi renferme des noms sujets à polémique, principalement, en rapport avec des suspicions de conflit d’intérêts qui concernent un nombre de ministres.

I WATCH persiste et signe

I WATCH explique qu’à la date du 18 janvier courant, Youssef Fennira a été reçu par les membres de l’Organisation à sa demande, en vue de discuter du raport de contrôle émis , alors qu’il était directeur de l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant, ANETI, rapport à l’origine de son limogeage. Rapport publié sur les réseaux sociaux, alors qu’il était proposé pour le poste de ministre de l’Emploi par le nouveau gouvernement, dans le cadre du dernier remaniement.

Youssef Fennira a rejeté toutes les accusations portées contre lui dans le rapport, qu’il a estimé malveillantes pour des raisons politiques et purement partisanes. Il a également indiqué que le rapport enfreignait les procédures formelles en place qui prévoient, en principe, un processus disciplinaire équitable qui lui garantit son droit à la défense. Il a également exprimé son ignorance de la loi sur les conflits d’intérêts et de ses dispositions.

Une affaire de famille…

Fennira a rejoint la Chambre de Commerce et d’Industrie Tuniso-Allemande (AHK) en 2013, puis a occupé, en 2015, le poste de directeur du « Center for Professional Orientation and Rehabilitation», CORP, qui réalise des programmes financés par l’Association allemande pour la coopération internationale (GIZ) pour soutenir les institutions publiques, dont l’Agence nationale pour l’emploi et le travail indépendant, ANETI. Programmes qui consistent en l’organisation de formation de compétences et de cadres, dont la tâche est confiée à des sociétés privées spécialisées dans le domaine de la formation.

Parmi ces sociétés, figure KEYWAY Formation Consulting, détenue par la mère et la sœur de Youssef Fennira et qui a assuré un certain nombre de formations pour les cadres et agents de l’agence avec un financement de l’Association allemande pour la coopération internationale en 2018, avant que ce dernier ne devienne le directeur général de l’Agence en 2019.
Selon le rapport de l’Inspection générale du ministère de l’Emploi, Youssef Fennira a violé les dispositions de l’article 25 dans son premier paragraphe de la loi n ° 46 de 2018, relative à la déclaration des revenus et à la lutte contre l’enrichissement illicite et les conflits d’intérêts, qui stipule que «les fonctionnaires doivent, en cas de suspicion de conflit d’intérêts dans l’exercice de leurs fonctions, informer leur supérieur direct ou l’autorité de tutelle. Donc, il était du devoir de Youssef Fennira d’informer le ministre de l’Emploi, d’alors, de cette situation et de s’abstenir de prendre toute décision relative à cette société.

I WATCH précise avoir expliqué à Fennira les dispositions et les situations de conflits d’intérêts. Ce dernier a renouvelé son ignorance des procédures et sa détermination à éviter, à l’avenir ce genre de violations. L’organisation lui a signifié que cela ne constitue en aucun cas un prétexte lui permettant d’enfreindre la loi.