Sur cette photo d'archives du lundi 14 novembre 2016, la présidente de l'Instance Vérité et Dignité, Sihem Bensedrine, s'adresse aux médias lors d'une conférence de presse à Tunis. Depuis qu'il a remporté un siège au Parlement en 2019, le législateur tunisien Abir Moussi est devenu l'un des hommes politiques les plus populaires et les plus controversés du pays, surfant sur une vague de nostalgie d'une époque plus stable et plus prospère, alors que la Tunisie fête les dix ans du renversement par les manifestants de l'ancien président autocratique Zine El Abidine Ben Ali. Depuis 2011, la Tunisie est en proie à la baisse des salaires, à l'augmentation du chômage et à la détérioration des services publics. Le taux de chômage est passé de 15 % à 18 % en raison de la pandémie de coronavirus. Les tentatives d'émigration vers l'Europe par la mer se sont multipliées.

La justice tunisienne a ordonné mercredi la remise en liberté conditionnelle de Sihem Ben Sedrine, ancienne présidente de l’Instance Vérité et Dignité (IVD), tout en maintenant une interdiction de voyage à son encontre.
Cette figure de l’opposition aux régimes de Habib Bourguiba et de Zine El Abidine Ben Ali poursuivra désormais sa défense en liberté. Selon Habib Torkhani, porte-parole de la Cour d’appel de Tunis, la chambre d’accusation a validé la demande de libération après que Ben Sedrine a interjeté appel contre l’ordonnance initiale du juge d’instruction du pôle judiciaire économique et financier.
L’affaire trouve son origine dans une plainte déposée par une ancienne membre de l’IVD, accusant Ben Sedrine de falsification du rapport final de l’Instance. C’est dans ce contexte que le juge d’instruction avait émis un mandat de dépôt le 1er août 2024. En février dernier, la militante des droits humains avait entamé une grève de la faim pour protester contre sa détention. Son avocat, Ayachi Hammami, a déclaré à Euronews que l’incarcération de sa cliente relevait d’une décision « politique plutôt que juridique », soulignant l’absence de preuves tangibles dans le dossier.
Six dossiers sont actuellement instruits contre l’ancienne présidente devant le pôle judiciaire économique et financier, tous en lien avec sa gestion de l’IVD. Cette institution, créée en 2014, avait pour mandat d’enquêter sur les violations des droits de l’Homme commises depuis 1955, avec une attention particulière pour la période du régime de Ben Ali. Son rapport final a été publié au Journal officiel de la République tunisienne en 2020.