Depuis 2011, l’actuel président de la République Kais Saied avait déclaré son opposition au système électoral adopté, à l’époque, par l’Instance Supérieure pour la réalisation des objectifs de la Révolution, de la réforme politique et de la transition démocratique et qui a été reconduit par le gouvernement la Troïka. Dans un entretien accordé, en 2011, au journal la Presse, il avait appelé à un référendum sur ce système. Pour lui, le système majoritaire de listes favorise les grandes formations politiques et pénalise, par conséquent, la représentation régionale. Le scrutin de listes, nous en avons fait l’amère expérience depuis la première Constituante de 1956, et tel qu’il a été utilisé, n’a pas réussi à favoriser l’émergence de la démocratie. Y recourir de nouveau, même avec des modifications pour ne pas permettre à un seul parti d’avoir la majorité absolue, n’est pas la solution appropriée. Il ne répond pas à l’attente du peuple tunisien et on risque de tomber, de nouveau, sous l’hégémonie de certains partis. En plus de cela, le mode de scrutin majoritaire est assez compliqué et il pourrait entraîner un taux d’abstention élevé et un nombre important de bulletins nuls.

Les partis qui poussent pour l’adoption de ce mode de scrutin font prévaloir leurs intérêts personnels sur l’intérêt général de la Nation. Car, faut-il le rappeler avec force, aucune formation politique ou autre ne peut se targuer d’avoir initiée cette révolution ni de l’avoir encadrée. Et qu’on ne vienne pas, aujourd’hui, chanter cette antienne révolutionnaire et tenter d’usurper la révolution.

Par contre, il prône pour le scrutin uninominal à deux tours. Ce système consiste à affecter uniformément un seul siège à chacune des ‘circonscriptions’ et à attribuer ce siège unique (‘scrutin uninominal’) au candidat qui aura obtenu au premier tour la majorité absolue des voix (51% des voix). Dans le cas où aucun candidat n’a obtenu ces 51% des voix, il sera procédé à un deuxième tour de vote pour départager les candidats ayant obtenu le plus grand nombre de voix.

De ce fait, il permet à tout citoyen tunisien remplissant les critères d’éligibilité requis de se présenter soit sous l’étiquette d’un parti soit en tant qu’indépendant. C’est, également, un système facile pour les électeurs, puisque le choix se fera sur un seul candidat, celui qu’il connaît le mieux et qu’il estime capable de porter sa voix. Il favorisera la représentation de toutes les régions surtout si l’on va vers des circonscriptions au niveau des délégations et répondra au mieux aux revendications populaires.

Il faut donc, selon lui, recourir à un référendum populaire, qui donnerait la possibilité au peuple de choisir le mode de scrutin qui lui conviendrait le mieux. Ce référendum devrait être précédé par une campagne d’explication d’une quinzaine de jours. Ce sera une grande première, non seulement, en Tunisie mais dans le monde.

B.O