Des policiers font face à des manifestants lors d'affrontements dans la ville d'Ettadhamen près de Tunis, mardi 19 janvier 2021. Une vague croissante d'agitation de la jeunesse, puisant dans un puits de frustration économique, balaie la Tunisie et inquiète ses dirigeants jusqu'au plus haut niveau. Après tout, c'est le pays qui a déclenché les révolutions du printemps arabe en 2011
Des policiers font face à des manifestants lors d'affrontements dans la ville d'Ettadhamen près de Tunis, mardi 19 janvier 2021. Une vague croissante d'agitation de la jeunesse, puisant dans un puits de frustration économique, balaie la Tunisie et inquiète ses dirigeants jusqu'au plus haut niveau. Après tout, c'est le pays qui a déclenché les révolutions du printemps arabe en 2011

Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH) a exprimé, ce 18 février 2025, de vives préoccupations concernant la répression en cours en Tunisie. Thameen Al-Kheetan, porte-parole du HCDH, a appelé les autorités tunisiennes à mettre fin aux arrestations et détentions arbitraires de dizaines de défenseurs des droits humains, avocats, journalistes, militants et personnalités politiques.

Selon le HCDH, de nombreux détenus sont en détention provisoire et font face à des accusations vagues, souvent liées à l’exercice de leurs droits à la liberté d’expression et à un procès équitable. Plus de 40 personnes, dont des opposants politiques de divers bords, doivent comparaître début mars devant le Tribunal de première instance de Tunis. Elles sont accusées de « conspiration contre l’État » et de terrorisme, certaines étant détenues depuis février 2023.

Parmi les cas emblématiques figure celui d’Abderrazak Krimi, directeur de projet au Conseil tunisien pour les réfugiés, en grève de la faim depuis trois semaines. Arrêté en mai 2024 avec Mustapha Djemali, directeur d’une ONG, ils sont accusés d’avoir illégalement hébergé des migrants subsahariens. Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre, est également en grève de la faim depuis une semaine. Détenue depuis octobre 2023, elle est poursuivie dans cinq affaires, dont deux liées à la liberté d’expression.

L’avocate Sonia Dahmani, arrêtée pour des déclarations sur le racisme et la situation des migrants, a vu sa peine réduite à six mois de prison en appel. Par ailleurs, 41 personnes ont été condamnées à des peines allant de 5 à 54 ans de prison dans l’affaire « Instalingo », marquée par des violations présumées des garanties d’un procès équitable.

Sihem Bensedrine, ancienne présidente de l’Instance vérité et dignité, âgée de 75 ans, reste incarcérée en attente de son procès. Hospitalisée après une grève de la faim, sa détention a été prolongée de quatre mois.

Le Haut-Commissaire Volker Türk a exhorté les autorités tunisiennes à cesser toute persécution des opposants politiques et à respecter les droits à la liberté d’opinion et d’expression. Il a également demandé la libération immédiate, pour raisons humanitaires, des détenus âgés ou souffrant de problèmes de santé.

Le HCDH a enfin appelé la Tunisie à réviser sa législation pénale pour la conformer aux normes internationales des droits humains, à libérer sans condition les personnes détenues arbitrairement et à garantir à tous les accusés un procès équitable et une procédure régulière.