Tunis, 24 juillet 2025 – L’affaire pourrait faire grand bruit., un dossier de plus dans les tiroirs poussiéreux de la justice financière tunisienne. Mais l’implication d’un homme d’affaires tunisien résidant à Dubaï, les montants faramineux en jeu et les liens présumés avec un marchand d’armes fugitif ont propulsé ce scandale au rang de symbole des réseaux opaques qui minent l’économie tunisienne.
Un transfuge financier sous le soleil de Dubaï
M I G, Tunisien établi aux Émirats arabes unis, est dans le viseur de la justice de son pays natal. La Brigade nationale de recherche sur les délits financiers vient de transmettre son dossier à la chambre criminelle de la cour de première instance de Tunis. Les accusations sont lourdes : blanchiment, fraude fiscale et surtout, complicité dans une vente immobilière truffée d’irrégularités.

À l’origine du scandale, une transaction immobilière dans le quartier de Sidi Bou Saïd. Un bien appartenant au fils d’un certain Y Z., marchand d’armes notoire et fugitif, aurait été cédé pour plus de 6 millions d’euros. Problème : seuls 2,7 millions auraient été déclarés aux autorités tunisiennes. Le solde, selon l’acte d’accusation, aurait atterri sur un compte en France, alimentant des « campagnes de déstabilisation » contre les institutions tunisiennes.
Le frère sort de l’ombre
Contacté par nos soins, le frère de l’accusé, présent à Tunis, défend une version radicalement différente. « Mon frère est un homme d’affaires , directeur d’une société d’investissement à Dubaï. », insiste-t-il, brandissant des documents bancaires datés de janvier 2018. Selon lui, l’achat aurait concerné non pas YZ. lui-même, mais sa fille, pour 4,5 millions de dinars (environ 1,3 million d’euros).
Une défense qui peine à convaincre les enquêteurs. « Les dates, les montants et les circuits de paiement ne collent pas », souffle une source judiciaire sous couvert d’anonymat. D’autant que YZ., au cœur de multiples enquêtes pour trafic d’armes et atteinte à la sûreté de l’État, reste introuvable.

Dubaï, plaque tournante des flux opaques ?
L’affaire dépasse les frontières tunisiennes. Elle interroge sur le rôle de Dubaï, souvent perçue comme un havre pour les capitaux troubles. « Ces réseaux fonctionnent comme des pieuvres : les tentacules s’étendent de Tunis à Paris, en passant par les Émirats », analyse un expert en criminalité financière.
La Tunisie, déjà fragilisée par une crise économique profonde, ne peut se permettre de nouvelles secousses. Alors que le dossier doit être transmis au parquet financier, une question taraude les observateurs : cette enquête marquera-t-elle un tournant dans la lutte contre la corruption, ou rejoindra-t-elle la longue liste des promesses non tenues ?
La justice doit sévir avec force contre ces criminels.
À suivre.
