Tunis, 27 novembre 2025 – Sonia Dahmani, avocate reconnue et voix critique, a retrouvé la liberté après un an et demi derrière les barreaux. Le ministère de la Justice a décidé de lui accorder une libération anticipée, effective tout de suite, d’après l’agence de presse tunisienne TAP. C’est la fin d’une période difficile pour cette figure importante de l’opposition, emprisonnée pour avoir exprimé ses désaccords avec le président Kaïs Saïed.
Son emprisonnement était lié à la loi sur la cybercriminalité
Sonia Dahmani avait été arrêtée le 11 mai 2024, lors d’une intervention des forces de l’ordre, dont certaines portant des masques, au siège de l’Ordre national des avocats à Tunis. Elle était enfermée à la prison de Manouba depuis ce jour.
Cette incarcération faisait suite à plusieurs condamnations et procédures judiciaires en lien avec ses prises de parole publiques sur des sujets sensibles comme le racisme, l’immigration et les conditions de détention. Les accusations contre elle reposaient sur le décret-loi 54 de 2022 sur la cybercriminalité, une loi vivement critiquée par les organisations de défense des droits humains, qui la considèrent comme un outil pour étouffer la liberté d’expression et faire taire les critiques.
D’après le Comité pour la protection des journalistes (CPJ), elle avait déjà été condamnée à trois reprises et risquait jusqu’à vingt ans de prison dans deux autres affaires en cours.
Des conditions de détention dénoncées à l’échelle mondiale
Pendant sa détention, la santé de Sonia Dahmani s’est détériorée de manière inquiétante. Sa famille et les associations de défense des droits de l’homme ont fait part de leur inquiétude face aux conditions de détention précaires et au manque de soins médicaux adéquats.
Problèmes de santé : Elle a développé un diabète, des problèmes de thyroïde, de l’hypertension et des douleurs au dos.
Conditions de vie : Elle partageait une petite cellule surpeuplée, envahie par les rats et les insectes, avec quatre autres prisonnières, et n’avait pas de vêtements adaptés au froid.
Allégations d’abus : Elle a déclaré avoir subi une agression sexuelle de la part d’un gardien de prison après son arrestation et avoir été soumise à des fouilles corporelles dégradantes.
Sa situation a poussé des organisations internationales comme le CPJ et Amnesty International à lancer des appels pressants pour sa libération immédiate et sans condition.







