La police rwandaise a confirmé l’arrestation d’une youtubeuse influente dans le pays accusée de trois crimes contre un agent lors de sa tentative d’arrestation : « l’incitation au désordre public, le fait d’attaquer les autorités, et voies de faits graves ».

La police a indiqué dans un communiqué que la femme, Yvonne Idamange Iryamugwiza, 42 ans, a fait preuve depuis le 31 janvier 2021 d’un comportement incitant à l’insurrection et propageant des fake news touchant la sécurité nationale. Le communiqué a souligné que le Bureau rwandais de la police et des enquêtes (RIB) avait procédé lundi à son arrestation « pour crimes graves » en soulignant que la femme « avait utilisé une bouteille pour endommager la tête d’un officier ».

Selon le journal rwandais « The New Times», Idamange a posté plusieurs vidéos sur sa chaîne YouTube appelant à des manifestations contre le président de la République Paul Kagame. La femme encourt une peine de 10 à 15 ans de prison.

Le soutien des citoyens et des partis politiques

La diffusion d’une fausse information en rapport avec la mort du président Paul Kagame était la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. D’après Norman Ishimwe l’un des manifestants contre l’arrestation de Youtubeuse à Bruxelles, le fait de dire que le président est décédé n’est qu’un message implicite voulant exprimer que les Rwandais ont besoin d’un président qui les soutient dans les difficultés qu’ils traversent.

Le parti d’opposition PS-Imberakuri a dénoncé dans un communiqué cette arrestation estimant que ce comportement confirme les actions du gouvernements à l’encontre de la liberté d’expression.

Des Rwandais se sont mobilisés pour dénoncer l’arrestation. Des expatriés se sont manifestés devant les ambassades du pays dans diverses villes européennes dont Genève, Bruxelles, Paris. Ils ont revendiqué la liberté d’ Idamange.  Des internautes ont largement soutenu leur compatriote et ont déploré l’atteinte à la liberté d’expression dans le pays. D’autres ont baptisé l’activiste le nouveau symbole de la résistance pacifique du peuple rwandais.

Le Rwanda pointé du doigt

Reporters sans Frontières classe le Rwanda parmi les pays où la liberté d’expression est remise en cause. Dans un interview avec DW, le média Allemand, le journaliste rwandais John Williams Ntwali a abordé les obstacles à la liberté d’expression au Rwanda. Il a confirmé que les médias ne jouissent pas de liberté d’expression. Ils sont toujours censurés à tel point que les journalistes doivent accorder une grande attention quant à la sélection des sujets traités.

Les citoyens sont en proie à une méfiance justifiée qui les empêche de s’adresser aux médias à tel point que ceux qui décident de se plonger dans telle aventure exigent l’anonymat tantôt en cachant leurs visages et tantôt en modifiant leurs voix. Des médias numériques se sont retrouvés pas mal de fois obligés de supprimer du contenu déjà publié faute de quoi ils risquent de mettre la clef sous le paillasson souligne Williams.

Le Rwanda a connu de solides performances économiques et sociales. La croissance économique a dépassé 10% en 2019. Cependant, le pays s’est vu largement critiqué lors de l’examen périodique universel tenu le 25 janvier 2021 à Genève.

De nombreux pays ont vivement recommandé la mise en place et l’activation d’un Code pénal qui garantit l’indépendance des journalistes et activistes et la protection de la liberté d’expression au Rwanda.