Loin de faire l’unanimité, le remaniement ministériel opéré samedi dernier par le chef du gouvernement, Hichem Mechichi, est suspendu à un vote de confiance à l’issue incertaine. L’Assemblée des représentants du peuple (ARP) est plus divisée que jamais, et l’alliance Ennahdha-Qalb Tounes-coalition Al-Karama, qui constitue la ceinture parlementaire du gouvernement, s’est fissurée.
La coalition Al-Karama (18 députés) a décidé de rompre le cordon ombilical avec Ennahdha, dans le sillage de la publication par le président de l’ARP d’un communiqué condamnant les actes de violence perpétrés dans l’hémicycle, le 7 décembre dernier.
«Le communiqué de la présidence de l’ARP constitue un tournant dans nos relations avec nos alliés. Je le dis haut et fort : à partir de ce moment plus aucune alliance ne nous engage», avait lancé le président du bloc de la coalition Al-Karama, Seïfeddine Makhlouf, indiquant au passage que la coalition Al-Karama n’accordera pas sa confiance aux nouveaux membres du gouvernement proposés dans le cadre du remaniement ministériel.
Marchandages jusqu’à la dernière minute
Par ailleurs, le bloc démocratique et le bloc du Parti destourien libre ont déjà annoncé qu’ils allaient se positionner dans l’opposition.
Seuls les blocs d’Ennahdha (54 députés) et de Qalb Tounes (29 députés) ont jusqu’ici annoncé clairement qu’ils allaient accorder leur confiance aux ministres proposés. Mais les observateurs s’attendent aussi à ce que le bloc national (9 députés) et le bloc de la Réforme (16 députés), apportent leur soutien au gouvernement Mechichi II.
Mais les voix de ces quatre blocs (108 au total) ne seront pas suffisantes puisque 109 voix sont nécessaires pour obtenir une majorité absolue. Ennahdha et Qalb Tounes n’ont dès lors d’autre solution que tenter de faire revenir la coalition Al-Karama à de meilleurs sentiments, rallier le bloc de Tahya Tounes (10 députés) à leur cause ou grappiller le maximum de voix dans les rangs des députés indépendants. Le jour du vote, les marchandages risquent fort de se poursuivre jusqu’à la dernière minute dans les couloirs de l’Assemblée.