On ne parle pas uniquement en Tunisie d’une crise sanitaire causée par la pandémie mais aussi d’une crise économique.

Des pénuries ont touché des produits alimentaires de première nécessité. Une pénurie qui a touché plusieurs produits parmi lesquels figure, principalement, le secteur du conditionnement de l’huile végétale subventionnée .

Quelles sont les causes de cette pénurie ? Combien va-t-elle durer ? Pourquoi les prix de cette huile ont connu une hausse notable au fil des derniers mois ? Quelles sont les parties qui organisent ce secteur en Tunisie ? Ya -t-il une stratégie adoptée pour faire face à cette rupture d’approvisionnement?

A ces question et à d’autres, on va essayer de répondre dans cet article.

UTICA: La coupure d’approvisionnement peut durer un mois ou même plus

Dans un communiqué publié sur sa page officielle sur Facebook, le 18 Août 2021, la Chambre syndicale nationale des conditionneurs d’huiles alimentaires relevant de l’ Union tunisienne de l’industrie, du commerce et de l’artisanat (UTICA) a noté que la rupture d’approvisionnement peut durer plus d’un mois.

Elle a ajouté que toutes les usines sont disposées à fournir l’huile végétale si l’Etat prend en charge les opérations de l’approvisionnement.

Dans ce contexte, Mokhtar Ben Achour, le président de la chambre syndicale nationale des conditionneurs de l’huile végétale nous a expliqué que : » le problème de rupture d’approvisionnement n’est pas nouveau. Il date, en effet, depuis des années et il s’est aggravé, plus précisément, en 2020 et en 2021. D’un côté, Il y a un budget de subvention adopté dans la loi des finances mais d’un autre côté , cela relève des compétences du ministère des finances.

Aujourd’hui, et en raison du « stock 0  » de l’huile subventionnée, le citoyen est amené à acheter un litre avec 5 dinars en moyenne au lieu de dépenser 900 millimes pour un litre de l’huile subventionnée ».

Il a ajouté : » Les sociétés de raffinage et de conservation sont dans « un chômage obligatoire ». Elles sont au bord de la faillite puisque leurs quotas valent moins de 70 %.

Lotfi Riahi: On doit attendre jusqu’au 15 Septembre pour avoir 6000 tonnes qui ne suffiront que pour 12 jours

Pour avoir plus de détails , « JDD Tunisie  » a contacté Lotfi Riahi le président de l’organisation tunisienne pour informer le consommateur.

Il a précisé : »On doit, tout d’abord, mentionner les besoins de consommation s’élèvent à 200.000 tonnes d’huile par an. Par ailleurs, selon chiffres annoncées par les autorités tunisiennes, entre 2010 et 2014, on n’a pas besoin que de 165.000 tonnes.

En Juin 2021, le ministère de commerce a importé 9000 tonnes qui ne suffisent que pour 20 jours. La même quantité a été importée le 27 Juillet 2021 et on doit attendre jusqu’au 15 Septembre pour avoir 6000 tonnes qui ne suffiront que pour douze jours. »

Concernant le processus du conditionnement de l’huile subventionnée en Tunisie, notre interlocuteur a ajouté que c’est l’Office National de l’Huile qui importe l’huile qui sera, par la suite, raffinée par 13 sociétés.

Par la suite, elle est mise en conserve par 43 sociétés de conservation. Donc, jusqu’au ici il y a une traçabilité et le processus est conforme à la règlementation en vigueur. Mais c’est au niveau des grossistes et des détaillants que cela se complique ».

L’expert économique Ridha Choukandali a expliqué à « JDD Tunisie » que « la hausse des prix est due, principalement, à la monopolisation des lobbies qui vendent l’huile subventionnée dans le marché noir. Un contrôle strict doit-être effectué pour lutter contre de telles pratiques ».

Pour avoir d’autres informations sur ce secteur vital, nous avons essayé maintes fois de contacter le ministère du commerce, sans, toutefois, y arriver. Tous les numéros appelés sonnent dans le vide.