Par Soufiane Ben Farhat

Il y a longtemps, lors de la première guerre du Golfe de 1991, un reportage sur France 2 m’avait frappé. On y interviewait un pilote koweïtien engagé dans la coalition anglo-américaine qui avait chassé  les troupes de Saddam Hussein du Koweit avant d’envahir l’Irak. Le jeune pilote témoignait, au bord des larmes : «Croyez-moi, bombarder son propre pays, on ne le fait guère de gaité de cœur». Mais, comme c’est souvent le cas depuis l’aube des temps, la guerre a ses raisons que la raison ignore.

Aujourd’hui, le dirigeant d’Ennahdha Radwan Masmoudi fait parler de lui dans le registre de l’infamie. Il en fait tellement qu’il est devenu presque proverbial. Dans le mauvais sens, entendons-nous bien. Il n’a de cesse de bombarder son propre pays, et il s’en réjouit !

Il gesticule

Radwan Masmoudi gesticule depuis le coup de force du président Kaïs Saïed du 25 juillet dernier, en vue de mettre la pression sur la Tunisie via les États-Unis d’Amérique. En effet, il lui est même arrivé de demander publiquement -et d’une manière on ne peut plus éhontée- aux Américains de s’abstenir de fournir les vaccins anti-Covid à la Tunisie. En même temps, les Tunisiens mouraient par centaines quotidiennement en raison de la pandémie. Puis il a appelé ses mentors américains à cesser toute coopération économique, principalement financière, avec la Tunisie. Et comme pour parachever d’évoluer comme un éléphant dans un magasin de porcelaine, il a exhorté le FMI et la Banque mondiale à couper les vivres à la Tunisie.

Radwan Masmoudi s’obstine à jouer le rôle des tristement célèbres Ahmed Chalabi en Irak et Hamid karzai en Afghanistan. Raison pour laquelle M. Radwan Masmoudi préfère visiblement camper le supplétif goumier des Américains à l’encontre de ses origines tunisiennes. Chassez l’aberrant, il revient au galop.

Les intérêts supérieurs de la fratrie

Ces derniers jours, il a joué des coudes et des hanches pour provoquer la visite d’une délégation parlementaire américaine en Tunisie. Celle-ci s’était d’abord rendue au Liban pour y démoniser, le Hezbollah. Vainement au bout du compte. Puis elle s’est rendue en Israël pour lui témoigner son soutien indéfectible. Comme toujours en somme. Troisième étape, la Tunisie avec, pour objectif, d’imposer son diktat présumé et son alignement sur les thèses d’Ennahdha et de ses acolytes. Le patriotisme, Radwan Masmoudi n’en a cure. A l’entendre, la fratrie (des Frères musulmans) importe plus que la patrie. L’homme s’y exerce avec zèle. Quitte à se ridiculiser et à endosser l’abject statut de ceux qui vendent leur âme au diable.

Soyons clairs. Refuser le coup de force de Kaïs Saïed, le crier sur les toits, en protester avec véhémence au besoin, cela relève de la liberté d’opinion et même d’action. Mais se mettre au service de puissances tierces en vue d’affamer et de ruiner son propre pays, cela s’appelle être en collusion avec des forces étrangères.

La cohorte des aigris

Au fait, Radwan Masmoudi n’agit pas seul. Il est arrimé à la cohorte des aigris d’Ennahdha et de ses satellites et sbires. Ils s’avisent de revenir aux commandes, quel que soit le prix de ce retour. Quitte à s’imaginer pouvoir piétiner son propre pays, ses valeurs, les intérêts supérieurs de la nation.

Après la tragédie de Fort Alamo en 1836, les soldats texans avaient coutume de lancer à l’endroit de leurs ennemis mexicains avec fierté : « Remember the Alamo » (souvenez-vous de l’Alamo). Radwan Masmoudi, lui, entonne à tout bout de champ depuis le 25 juillet dernier à l’instar du sénateur romain Caton l’Ancien, mort en 149 av. J. -C.  Delenda Carthago est ( Il faut détruire Carthage ! ).

Obsessions et idées fixes

Et même si la visite de la délégation parlementaire américaine s’est soldée par une simple figuration falote, Radwan Masmoudi n’en démord pas pour autant. Il s’avise de la commercialiser comme réussie. En fait, ça vire à l’idée fixe chez lui. Cependant, il mesure avec amertume sa faillite notoire. Il en devient comme obsédé. S’impatiente, grouille, gribouille et grenouille. Toujours l’âme en peine et les faux espoirs en charpie.

Nous ne savons pas verbatim la teneur des échanges de la délégation sénatoriale américaine avec le président de la République Kaïs Saïed. Mais tout porte à croire qu’ils furent protocolaires et somme toute courtois. Il est vrai qu’entretemps, des partis et organisations de la place ont décliné l’invitation des parlementaires américains en vue de conciliabules de l’ombre. Ça a littéralement enragé Radwan Masmoudi. Témoins, ses posts Facebook aussi tendancieux et aigris les uns que les autres.

L’arène des nains

Et dire que ça se prétend politiciens qui s’avisent de régenter le pays. La catastrophe ininterrompue, une décennie durant, ne leur suffit pas. Ils s’obstinent à réitérer leur attentat permanent contre le pays, ses institutions souveraines, les droits fondamentaux de la population exsangue et saignée à blanc. Quitte à se mettre à la solde de puissances étrangères. Comme si la servitude pouvait dissiper les cache-misère et les facéties de larbin excuser l’ignominie patente et avérée.

Radwan Masmoudi gagnerait à se regarder dans une glace. Il a mauvaise mine et s’escrime dans l’arène des nains. Et il arrive que, dans leur délire, les nains se prennent pour des géants. Surtout s’ils sont des larbins.

S.B.F