La fièvre revendicative provoquée par la signature d’un accord généreux entre le gouvernement et les chômeurs ayant bloqué la vanne de la station de pompage du pétrole à El Kamour n’est pas encore retombée. Après Kairouan, Béjà, Jendouba et Gafsa, c’est au tour du gouvernorat de Kasserine de réclamer sa part du gâteau du développement, en organisant une grève générale régionale.

L’antenne régionale de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) à Kasserine a annoncé, ce mardi 26 janvier, qu’une grève générale sera observée dans ce gouvernorat située dans le centre-ouest du pays, en signe de protestation contre l’envolée de la pauvreté et  du chômage.

«La grève générale régionale sera organisée en  signe de protestation contre la marginalisation de Kasserine, qui tient le haut du pavé dans le classement des gouvernorats les plus pauvres en Tunisie, et où le chômage des jeunes diplômés a atteint des proportions alarmantes», souligne le secrétaire général de l’Union régionale du travail de Kasserine, Sanki Assoudi. Et d’ajouter : «Kasserine a été laissée sur le bord de la route du développement depuis l’indépendance. Aujourd’hui, le minimum serait d’organiser un Conseil ministériel restreint consacré à l’examen de la situation économique et social dans la région».

Pauvreté endémique

Avec Gafsa et Sidi Bouzid, le gouvernorat de Kasserine fait partie d’une zone du centre -ouest surnommée «le triangle de la pauvreté » par les démographes et les statisticiens. 

D’après une étude publiée le 23  septembre 2020 par l’Institut national de la statistique (INS), le gouvernorat de Kasserine abrite les trois délégations les plus pauvres à l’échelle nationale : Hassi El Frid  (un taux de pauvreté de 53,5 %), Jedeliane (53,1 %) et Al Ayoun (50,1 %).

Kasserine a aussi le plus fort taux de diplômés chômeurs, 43 % des jeunes qui arrivent sur le marché du travail ne trouvant pas d’emploi dans leur gouvernorat, ce qui amplifie le phénomène de l’exode vers le littoral relativement prospère.

L’UGTT, qui voit d’un mauvais œil la naissance de plusieurs insaisissables coordinations régionales formées par des protestataires pour négocier avec les autorités régionales et même centrales comme ce fut le cas à El Kamour, encadre de plus en plus mouvements de protestation et des grèves générales dans les régions intérieures déshéritées, afin préserver son statut de principale centrale syndicale du pays et unique interlocuteur des  autorités.