Les énergies renouvelables pourraient créer 30.000 emplois en Tunisie d’ici 2030, et entre 267.000 et 482.000 emplois au Maroc d’ici 2040 selon une étude publiée par le Forum euroméditerranéen des instituts de sciences économiques.

D’après Amine Bennis, chercheur invité au Conseil européen des relations étrangères, la coopération européenne bilatérale avec la Tunisie et le Maroc pour le développement du secteur de l’énergie pourrait constituer une véritable opportunité pour la croissance économique et le développement de l’emploi local.

Les investissements dans les énergies renouvelables peuvent créer des emplois directs, notamment par le recrutement des techniciens qui s’occupent des installations éoliennes et solaires, ainsi que pour la construction et l’entretien de ces infrastructures.

Le « Green Deal » peut également favoriser le développement des industries locales naissantes dans le domaine des énergies renouvelables en impliquant les acteurs locaux, les sous-traitants et les travailleurs.

Les autorités locales de chaque pays peuvent renforcer encore les perspectives d’emploi locales liées à ce secteur en appliquant « les exigences de contenu local » qui impose aux investisseurs l’allocation d’une partie d’investissement à l’embauche de contractants locaux, en employant un quota de travailleurs, la mise en place d’une usine locale, ou même la signature d’un partenariat avec des investisseurs locaux.

GREEN DEAL, La Tunisie et le Maroc deux partenaires stratégiques de l’UE

Le Green Deal européen est un pacte qui vise à réduire les émissions de carbone, stimuler l’économie grâce aux technologies vertes, découpler la croissance économique via l’utilisation raisonnable des ressources et la migration vers une industrie durable.

Dans ce contexte, M. Borhen MAHJOUB, Conseiller Scientifique et Point de Contact National du Réseau de Gouvernance H 2020 déclare : « La Tunisie, en tant que partenaire privilégié de l’UE et en tant que pays associé au programme Horizon 2020, devrait profiter de ce pacte vert européen pour l’intégrer à sa nouvelle stratégie nationale de croissance. Cela nous permettrait de réduire les pollutions, de mieux nous adapter au changement climatique tout en créant des emplois et donc des richesses »

La mise en place de cette feuille de route nécessitera une action multilatérale. Selon la présidente de la Commission européenne, l’Europe ne pourra pas atteindre ses objectifs en agissant seule. L’UE devra utiliser son influence, son expertise et ses ressources financières pour mobiliser ses partenaires dans ce projet d’intérêt commun.

La Tunisie et le Maroc peuvent aider l’Europe à atteindre ses objectifs d’émissions de carbone et à renforcer sa position face à la concurrence féroce de la Chine pour l’influence économique et politique. Les deux pays méditerranés doivent devenir des « partenaires verts » officiels de l’UE. Cela aiderait à entreprendre des actions communes et à faciliter les transitions vertes de ces pays notamment celle de la Tunisie, qui a particulièrement besoin d’aide pour renforcer ses capacités, annonce Amine Bennis.

L’énergie renouvelable en Tunisie

Le secteur énergétique tunisien est confronté à des défis économiques, sociaux et environnementaux. L’approvisionnement énergétique, notamment l’industrie de l’électricité, s’appuie principalement sur le gaz naturel (97% Électricité produite). Le déficit de la balance d’énergie primaire n’a cessé de s’aggraver ces dernières années, enregistrant 50% en 2018.

Pour surmonter ces défis, la Tunisie a misé sur une transition énergétique qui a pour objectif l’utilisation rationnelle de l’énergie en réduisant à 30% la consommation d’énergie primaire à l’horizon 2030, et une stratégie de diversification du mix énergétique qui reposera essentiellement sur le développement des énergies renouvelables.

Cependant, la production de l’électricité à partir des énergies renouvelables demeure « limitée », elle ne représente que 3% de la production totale d’électricité d’après le ministère de l’industrie. Les projets relatifs à ce domaine se limitent à deux parcs éoliens cumulant une puissance de 245 Mégawat (MW) au nord de la Tunisie, une production de 55 MW issus de l’énergie solaire photovoltaïque et 62 MW émanant de l’hydroélectricité.