L’avertissement est limpide. La Banque Centrale, en exprimant, sa préoccupation et son inquiétude pour le tarissement aigu des ressources financières extérieures, face aux besoins importants pour boucler le Budget de l’Etat pour l’année 2021, estime qu’il faut éviter à tout prix le financement monétaire. Et ce, eu égard à ses répercussions aussi bien sur le niveau de l’inflation que sur les réserves en devises et la gestion du taux de change du dinar, outre son impact négatif sur les relations de la Tunisie avec les bailleurs de fonds et les agences de notations souveraines.
L’Institut d’émission, organe indépendant chargé de la politique monétaire veut ainsi éviter ce qu’on appelle communément le recours à la planche à billet. Ceci ne veut pas dire que la Banque centrale possède des machines pour imprimer la monnaie et qu’elle y procède pour alimenter les caisses de l’Etat. En fait il s’agit d’une périphrase désignant la création virtuelle de la monnaie fiduciaire à la demande d’un organisme public, dans le cas d’espèce la Banque centrale sans utiliser le support papier. Ici le mécanisme est entièrement virtuel et informatique.
Comme la monnaie est désormais dématérialisée, en raison de l’abandon en 1971 de l’étalon-or, faire tourner la planche à billet, consiste à créer des lignes de crédit à racheter la dette à émettre des bons de trésor, à accorder des crédits aux banques, et pour les Etats, de réinjecter de la monnaie dans l’économie ou de financer les politiques publiques. Il s’agit pour résumer de créer de la monnaie virtuelle sans production effective de richesses.
Pour les spécialistes, si le recours à la « planche à billets » est l’une des politiques monétaires possibles pour relancer une économie en temps de crise, mais elle n’est pas sans risques, car les prix peuvent augmenter, créant une spirale inflationniste, de même que la monnaie peut perdre de sa valeur, ce qui se traduit par une dévaluation dommageable et ayant pour effet de déstabiliser l’économie
Quand bien même, le Conseil d’administration de la Banque centrale réuni hier mercredi a affirmé que la BCT continuera à jouer pleinement son rôle en matière de soutien à l’économie et à suivre de près l’évolution des indicateurs économiques, monétaires et financiers, il est clair que le recours à la planche à billet ou ce qu’elle désigne comme « le financement monétaire » est exclu, en raison des risques sérieux qu’il implique.
Mais, certains estiment qu’en l’état actuel des finances publiques et en attendant des négociations encore hypothétiques avec le FMI, ce recours malgré les dangers qu’il représente est inévitable.
Gardien de la rigueur monétaire, le gouverneur de la BCT Marouane Abbassi fera tout son possible pour ne pas laisser filer la monnaie, ce qui est une solution de facilité pour les autorités publiques contraintes à payer des salaires et à régler des factures.
Mais de quelle marge de manœuvre dispose-t-il. That is the question ?
RBR