Par : Kamel Zaiem

Les Tunisiens retiennent leur souffle et croisent les doigts. Il leur reste encore quelques jours pour s’assurer que le 25 juillet n’était pas une simple illusion.

C’est que le compte à rebours a commencé. Les trente jours annoncés par Kaïs Saïed, le président de la République, prendront fin dans une semaine et rien ne dit que cette échéance n’allait pas être prolongée puisque la Constitution le permet.

A tous les niveaux, on ne se soucie, à présent, que du futur de cette situation exceptionnelle qui a engendré ces décisions exceptionnelles et qui peuvent nous réserver d’autres surprises aussi exceptionnelles.

Seul le sanitaire a bougé

Or, à une semaine de la fin de cette échéance, Saïed est-il en train d’avancer ? A-t-il livré assez d’assurances aussi bien à ses partisans qu’à ses contestataires ?

Pour le moment, nous pouvons affirmer que la révolution du Président est en train d’avancer à pas de tortue et que l’inquiétude suscitée par les Tunisiens est tout à fait légitime, car, qu’on le veuille ou pas, on ne voit pas venir le bout du tunnel et les craintes, quoique atténuées par l’action du 25 juillet 2021, demeurent vives.

Au niveau des actions, seule la situation sanitaire semble tirer son épingle du jeu avec un très bon niveau de vaccination, facilité par l’arrivée d’importantes quantités de vaccins et Kaïs Saïed n’y est pas étranger car ce sont les canaux diplomatiques qui ont permis de recevoir de telles aides qui semblaient impossibles avec le gouvernement et le Parlement gelés.

Toutefois, on ne voit pas le pays avancer rapidement à d’autres niveaux. Est-ce la faute au président de la République qui se trouve incapable d’accélérer le rythme de ses réformes ? Est-ce que c’est prémédité et programmé ? Est-ce que l’ingérence étrangère y est pour quelque chose dans cette mise au ralenti du programme d’action de Saïed ?

Des craintes légitimes

Face à une telle situation où le flou demeure de mise, les réactions se succèdent pour appeler à la prise des grandes mesures qui s’imposent sans attendre davantage, comme celle de Sadok Chaabane, l’ex-ministre et haut-conseiller de Ben Ali, qui estime que « les mesures exceptionnelles décidées le 25 juillet ont en effet pour finalité de rendre à l’Etat son rayonnement, son pouvoir et son efficience”. Et il n’hésite pas à appeler le président de la République à amender la Constitution et la loi électorale, et à consulter le peuple par référendum ». Et il l’invite “à ne pas ouvrir plusieurs fronts en même temps et à neutraliser les coalitions conspirationnistes opposées”.

A d’autres niveaux, le retard accusé par Kaïs Saïed inquiète surtout ses opposants et ses détracteurs, aussi bien en Tunisie qu’à l’étranger où Ennahdha n’a pas manqué de bouger, de pousser et de s’agiter à la recherche de soutien qui empêcherait Saïed à aller au bout de ses intentions.

On a déjà eu à le constater à l’occasion de la dernière visite d’une délégation américaine qui a ramené, dans une lettre adressée par le président américain, les soucis et les craintes pour la « survie de la démocratie imposée par le printemps arabe ».

Une longue attente

C’est dire que chaque partie essaie de tirer sur la corde en sa faveur, même si les envoyés américains ont pu constater, de visu à travers leurs rencontres avec des composantes de la société civile, l’adhésion des Tunisiens aux choix de leur président et leur totale opposition à une marche en arrière en faveur de la coalition qui était au pouvoir et qui a tout fait pour mener le pays vers la catastrophe.

Pour le moment, nous demeurons dans une phase d’attente qui ne doit pas durer très longtemps et qui doit mettre en exergue les grandes lignes de la politique préconisée par Saïed qui doivent être discutées, également, avec les importantes structures de la société civile (UGTT, UTICA, SNJT, LTDH…) afin de donner le jour à un nouveau modèle de gouvernance qui permettra au pays de se débarrasser de ses chaines et de repartir de l’avant.

Des comptes à rendre, avant tout

Ainsi, Saïed est appelé à faire plus vite et à entamer les réformes espérées, aussi bien politiques qu’économiques et sociales, et surtout de demander des comptes à tous ceux qui ont fait du mal à ce pays à travers la corruption, les malversations et les alliances avec des forces étrangères pour soumettre un peuple libre à la volonté de ses pilleurs et ses envahisseurs.

Il est vrai que le temps presse et que Saïed doit au moins nous dévoiler certaines importantes orientations politiques et économiques pour rassurer et pour fortifier davantage cette impressionnante adhésion populaire à un président qui a promis de satisfaire leurs revendications et de réaliser leurs rêves et aspirations.

K.Z.