L’annonce de la désignation d’une femme Najla Bouden à la tête du gouvernement a été accueillie avec beaucoup de satisfaction et de soulagement, à la fois. Plus de deux mois après l’annonce de l’état d’exception le président de la République a enfin révélé le nom du successeur de Hichem Méchichi qu’il avait limogé au lendemain du 25 Juillet dernier. Kais Saied qui a accaparé tous les pouvoirs entre ses mains, en vertu du décret 117 du 22 Septembre relatif aux mesures exceptionnelles, a déclaré que « c’est un moment historique, un honneur pour la Tunisie et un hommage à la femme tunisienne ». Ce faisant, il a envoyé un message à la communauté internationale qui avait appelé à la formation d’un gouvernement dans les plus brefs délais. Le choix d’une femme qui constitue une grande première en Tunisie et dans les pays arabes, pour la rassurer sur la suite de son agenda. Il a fait, également, tomber la pression autour de lui. Cette nouvelle nomination qui pourrait envoyer un signal de confiance envers les marchés financiers, les bailleurs de fonds et les institutions financières internationales.

Sur le plan interne, la formation d’un nouveau gouvernement pourrait entraîner une baisse de 400 points du coût de couverture du risque de défaut des obligations souveraines, vers la fin de 2021, après avoir franchi la barre des 840 points, a estimé l’expert en économie et en marché financier, Moez Hadidane, dans un entretien accordé à l’agence TAP.

Il n’en demeure pas moins, a-t-il dit, que la hausse du coût de couverture du risque de défaut des obligations souveraines aura un impact négatif sur les finances publiques de la Tunisie et sur son économie d’une manière générale, dans un contexte marqué par le tarissement des ressources étrangères (en devises).

Recourir à l’emprunt sur le marché local pour faire faire face à la baisse des avoirs nets en devises n’est pas la solution adéquate, d’autant que les ressources en devises sur ce marché restent limitées, a-t-il indiqué. Cela nécessite, a-t-il dit, de chercher d’autres alternatives.

Pour l’expert, ce processus a ses limites et ses inconvénients. D’abord, les réserves en devises sont limitées en volume et in fine, la Tunisie doit trouver des devises pour financer des dépenses en devises.

En effet, le déficit budgétaire de l’État est composé d’une partie en dinars et d’une partie en devises. La partie en dinars est toujours gérable, selon Hadidane « même par magie », et des solutions peuvent in extrémis être trouvées (au prix cher de l’inflation et de l’effet d’éviction), alors que la partie du déficit en devises ne peut être financée qu’en devises.

« On ne peut pas imprimer des devises pour acheter du pétrole ou des céréales ou pour honorer le service de la dette extérieure », souligne Hadidane, ajoutant que si la Tunisie s’est débrouillée jusque-là pour trouver des fonds en dinars, l’étape qui va venir sera beaucoup plus difficile et dangereuse, et sera l’occasion malheureusement, pour tous les Tunisiens de se rendre compte réellement de la crise actuelle.

L’expert a rappelé, par ailleurs, que le budget de l’État pour l’année 2021 a été élaboré sur l’espérance de lever l’équivalent de 13 milliards de dinars d’emprunts extérieurs dont 6,56 milliards de dinars sur les marchés financiers internationaux et 760 millions de dinars auprès du Fonds Monétaire International( FMI).

Lire la suite: https://www.tap.info.tn/fr/Portail-%C3%A0-la-Une-FR-top/14431911-la-formation-d-un