Ces derniers temps un phénomène, jusque-là inconnu, est apparu en Tunisie et commence à prendre des proportions inquiétantes. Il s’agit de la vente des nourrissons. Ces bébés ne sont pas uniquement vendus par les mères célibataires, mais aussi par des familles et à travers les réseaux sociaux.
Un autre phénomène de société non moins grave, est l’exploitation sexuelle de enfants de bas âge. Esclavage sexuel qui ne touche pas uniquement les adultes et les jeunes mais aussi les enfants .
Dans ce contexte, « JDD Tunisie » a contacté la présidente de l’Instance Nationale de Lutte contre la Traite des Personnes en Tunisie Raoudha Laabidi qui nous a expliqué que « le pourcentage de vente des nourrissons à augmenté de 62.5% par rapport à 2019 et que le taux d’exploitation sexuelle des enfants est passé à 180,6% en 2020 par rapport à 2019, selon un rapport qui sera publié, la semaine prochaine, par l’Instance . »
Elle a ajouté que » l’un des principaux facteurs de l’exploitation sexuelle est la pandémie. En effet, en raison de la fermeture des établissements scolaires, plusieurs enfants sont visés dans les réseaux sociaux par des gangs qui menacent de publier leurs photos et leur demandent où bien de leur donner de l’argent ou de faire partie de leurs gangs. »
De sa part, le délégué général à la protection de l’enfance, Mehyar Hammadi a indiqué que » l’exploitation sexuelle de l’enfant est rare dans les jardins d’enfants mais elle se trouve surtout dans l’environnement externe de l’enfant: la cité ou il habite, au sein de la famille élargie… »
Notons que, dans une déclaration à « JDD Tunisie », le 22 septembre 2021, le porte-parole officiel des tribunaux de Monastir et de Mahdia, Farid Ben Jha, a indiqué que le Parquet près le Tribunal de Première Instance de Monastir a décidé d’ouvrir une enquête pour traite des êtres humains et fraude, et que l’enquête concerne une femme et son mari qui ont vendu leurs deux enfants, ainsi qu’une des deux familles qui ont acheté l’un des enfants.
Ben Jaha a expliqué que la mère accusée a quatre enfants. Elle a d’abord abandonné deux d’entre eux légalement par adoption sous la tutelle du Délégué à l’Enfance, puis deux autres ont été vendus illégalement en 2013 et 2019.
Il faut rappeler que la Tunisie s’est dotée, en Août 2016, d’une loi relative à la prévention et à la lutte contre la traite des personnes. Cette « loi vise à prévenir toutes formes d’exploitation auxquelles pourraient être exposées les personnes, notamment, les femmes et les enfants, à lutter contre leur traite, à en réprimer les auteurs et à protéger et assister les victimes. Elle vise également à promouvoir la coordination nationale et la coopération internationale dans le domaine de la lutte contre la traite des personnes dans le cadre des conventions internationales, régionales et bilatérales ratifiées par la République tunisienne.»
La dite loi définit » la traite des personnes comme étant l’attirement, le recrutement, le transport, le transfert, le détournement, le rapatriement, l’hébergement ou l’accueil de personnes, par le recours à la menace ou à la force ou aux armes ou à toutes autres formes de contrainte, d’enlèvement, de fraude, de tromperie, d’abus d’autorité ou d’une situation de vulnérabilité ou par l’offre ou l’acceptation de sommes d’argent ou avantages ou dons ou promesses de dons afin d’obtenir le consentement d’une personne ayant autorité sur une autre aux fins d’exploitation, quelle qu’en soit la forme, que cette exploitation soit commise par l’auteur de ces faits ou en vue de mettre cette personne à la disposition d’un tiers »
L’exploitation « comprend l’exploitation de la prostitution d’autrui ou d’autres formes d’exploitation sexuelle, le travail ou les services forcés, l’esclavage ou les pratiques analogues à l’esclavage, la servitude ou la mendicité, le prélèvement total ou partiel
d’organes, de tissus, de cellules, de gamètes et de gènes ou toutes autres formes d’exploitation. »