Le président de la République, Kais Saied, semble ne pas se soucier guère des appels pour l’annonce de sa feuille de route prou la prochaine étape et la formation d‘un gouvernement. Ni de la crise économique qui risque de mettre le pays à genoux. Ce qui l’intéresse le plus c’est la chasse aux corrompus et la réforme du système politique qui a prouvé ses limites. Lui, l’enseignant du droit constitutionnel se trouve dans sa zone de confort quand il parle de constitution.
Hier, il a reçu trois grands spécialistes du droit qu’il connait bien : deux anciens doyens Sadok Belaid et Mohamed Salah Ben Aissa et l’universitaire Amine Mahfoudh.
Comme habitude, il s’est lancé dans un soliloque pour leur expliquer le bien-fondé de sa pensée. Le parlement ce n’est plus un danger imminent mais, plutôt un danger immanent. Il a réfuté la thèse de « coup d’état » que certaines parties veulent faire passer dans l’opinion nationale et internationale. Comme les « prétendus abus » qui, selon lui, « ont pour but de le diffamer dans cette conjoncture dans laquelle il s’est engagé à sauver l’Etat ». Même les quelques individus assignés à résidence se déplacent dans un rayon de 60 Km, alors que la place d’autres est en prison ».
«C’est un Etat à deux régimes. Un régime apparent, celui des institutions, et un régime réel, celui de la mafia qui gouverne la Tunisie»
Le chef de l’Etat a développé devant ses anciens profs et son collègue Amin Mahfoudh, l’idée qu’un Constitution n’est pas immuable mais plutôt évolutive. Il a cité Habib Bourguiba qui avait déclaré au lendemain de l’adoption de la Constitution on du 1er Juin 1959, que tout texte doit s’adapter à l’évolution de la société.
Pour ce qui est du gouvernement, il a fait le parallèle avec le premier gouvernement Bourguiba qui ne comprenait que des secrétaires d’état. « Au contraire », a-t-il affirmé, « les directeurs généraux des ministères se sont débarrassés de l’emprise des ministres et ils se trouvent plus à l’aise.»
Plusieurs personnes lui ont soumis leurs candidatures pour faire partie du futur gouvernement. Mais, « ils ne s’intéressent qu’au poste du ministre », a indiqué le chef de l’Etat. « Certains m’appellent et passent avec moi des heures au téléphone à mentir. Je ne croyais pas que l’hypocrisie pourrait atteindre ce stade. Je refuse de communiquer avec de telles personnes, notamment avec les escrocs et les traitres », a-t-il martelé. Les traitres se sont ceux qui ont dépensé des millions de dinars à l’étranger pour pourfendre leur pays et calomnier le président.
Et d’ajouter que des parties prétendent qu’il est perplexe, mais ils se trompent. « Certes, il faut former un gouvernement, mais quelle politique va-t-il adopter ? ». « Si c’était tout simplement ça qu’ils voulaient, j’aurais donc reconduit le gouvernement d’avant le 25 Juillet. »