La délégation du Congrès américain qui comprenait les sénateurs Chris Murphy et Jon Ossof a présenté un rapport aux autorités compétentes (Congrès et département d’état) sur sa visite en Tunisie.
Selon des sources fiables et bien informées, la délégation a fait part de sa déception des résultats de sa rencontre qui a duré deux heures et demie, avec le président de la République Kais Saied.
Après un discours qui a duré 45 minutes, dont une partie a été diffusée sur la page Facebook de la présidence, et dans laquelle le président Saied a réfuté la thèse de « coup d’état » développé notamment par Ennahdha, la parole a été donnée au sénateur Chris Murphy. Ce dernier a dit comprendre les mesures exceptionnelles prises par le chef de l’Etat, mais il a appelé à un retour rapide à la normale. Avec son collègue Jon Ossof, il a posé des questions précises au président, mais malgré leur insistance, ils n’ont obtenu aucune réponse de sa part. Ils voulaient, en fait, obtenir de lui un engagement clair sur le calendrier de l’état d’exception, les prochaines étapes pour normaliser la vie politique (soit réactiver le parlement, soit convoquer des élections anticipées…), le plan de relance économique…
Ils craignent qu’en l’absence d’un plan de relance économique robuste et efficace (par le Président), les Tunisiens seront vite déçus, et nous passerons du stade actuel d’« euphorie » populaire à la « dysphorie ».
Toutefois, la délégation appelle à renforcer le soutien à la Tunisie qui doit être visible et inconditionnel, tout en mettant la pression pour un retour à la normale et en la conditionnant à l’avancement des réformes.
Toujours selon notre source, Murphy et son collègue sont convaincus que ce que l’état d’exception annoncé par Kais Saeid ne s’apparente pas à un coup d’état. Plutôt un « coup de force ». Le lobbying intense effectué par les organisations pro-Ennahda à Washington a été très ciblé et efficace au cours des premières semaines après le 25 juillet. Ils ont bombardé les représentants de la Chambre et les membres du Sénat (et leurs employés) avec des e-mails essentiellement pour répéter la même chose : un coup d’état et un retour à la dictature. Elles ont profité du limogeage de l’ambassadeur de Tunisie à Washington, qualifiée d’erreur stratégique, pour faire un forcing auprès des membres du Congrès. Mais elles n’ont pas réussi à faire passer leur discours. Car, les Américains sont bien renseignés sur la situation en Tunisie et mesurent bien la colère des Tunisiens contre le mouvement islamiste.
Pour eux, Ennahdha en tant que parti politique cohérent ne survivra pas à cette crise. Le mouvement de Rached Ghannouchi sera réduit à sa plus simple proportion mais devra rester dans le paysage politique.