Le quotidien le Monde s’est intéressé à la place de l’islamisme dans le Maghreb. Dans une analyse, publiée dans son édition de ce mardi 14 Septembre, il fait le parallèle entre l’échec cuisant du PJD dans les élections législatives au Maroc et la mise à la touche du mouvement Ennahdha en Tunisie.

Sous le titre « Au Maghreb, le reflux de l’islamisme de gouvernement », le journal se demande d’emblée s’il s’agit de la « fin du cycle pour l’Islam politique au Maghreb ».  En effet, « la formule commence à faire florès au vu de la double infortune subie cet été par Ennahda, en Tunisie, et par le Parti de la justice et du développement (PJD), au Maroc, deux formations issues de la matrice islamiste qui avaient intégré, depuis 2011, les exécutifs de leur pays. Des vents mauvais se lèvent sur ce segment du champ politique d’Afrique du Nord après une décennie de participation au pouvoir… »

Même si les revers sont différents, explique le journal, « bien des similitudes rapprochent néanmoins les trois cas de figure. La première est l’érosion de l’assise populaire de ces tenants de l’islam politique. En Tunisie, l’hostilité croissante de l’opinion à l’encontre d’Ennahda, accusé d’avoir dévoyé le régime à dominante parlementaire à son profit, explique en partie la liesse populaire ayant salué la décision de Kaïs Saïed de suspendre l’Assemblée. En outre, si le parti islamiste tunisien dirigé par Rached Ghannouchi était arrivé en tête des élections législatives de 2019, son électorat avait fondu des deux tiers par rapport à son score de 2011. Sur le temps long, la désaffection est indéniable. Le cas marocain, où l’« électorat granit » du PJD n’a même pas tenu, l’illustre jusqu’à la caricature. »

« La seconde similitude tient dans la crispation croissante des « Etats profonds » vis-à-vis de ces formations politiques issues de l’école des Frères musulmans, après une première phase d’ouverture dans les années 2000 en Algérie, puis les années 2010 au Maroc et en Tunisie. »

Toutefois, il faut rester prudent, conclut le quotidien. « En Tunisie, Ennahda, tout décrié qu’il était avant le coup de force du 25 juillet, peut se refaire une virginité si la refondation politique souhaitée par Kaïs Saïed tourne court. »