Le journal français le Monde a publié un reportage, dans sa livraison du 3 septembre 2021, intitulé « Le défi social, talon d’Achille du président tunisien Kaïs Saïed ». Extraits:

« On bloquera aussi longtemps que nos revendications seront ignorées. » Mounir Helali le clame avec l’aplomb d’un activiste endurci dans les combats. Casquette noire à longue visière, barbe noire drue – piquée d’un blanc trahissant les années – le solide gaillard de 35 ans est assis sur un matelas jeté sur une dalle de ciment.

Il n’en finit pas d’attendre, imperturbable, dans l’air chaud gorgé de poussière de Redeyef, un des centres miniers de ce bassin de Gafsa moutonnant dans les steppes de la Tunisie du Centre-Ouest. Ici, la lumière de l’été qui s’exalte dans les coteaux de pierre est si aveuglante qu’il faut vite se nicher dans le premier abri venu, selon la même source.

« Des paroles mais peu d’actes »

Dans cette partie le sit-in de Redayef et le problème minier ont été les principaux axes évoqués et analysés.

« Ailleurs dans le bassin de Gafsa,et notamment dans le principal centre d’extraction de Metlaoui, la production a redémarré début
2021 après des années de blocages et de perturbations. Les « sitineurs » – comme on appelle en Tunisie ces adeptes du sit­in – de Redeyef ont, eux, refusé de lever le camp. »

Ils expriment à leur manière la permanence du malaise social en Tunisie, dont le chef de l’Etat, Kaïs Saïed, a tiré profit lors de sa campagne présidentielle victorieuse de 2019, mais qui, faute de solutions (le taux de chômage des diplômés est de l’ordre de 38 %dans la région de Gafsa), pourrait gripper sans tarder son mandat selon la meme source.

Ressentiment contre les élites

Dans une déclaration accordée au journal français , Lakhdar Souid, journaliste et élu municipal à Gafsa a avertit : »« Si Kaïs Saïed ne parvient pas à atténuer ce sentiment d’injustice régionale, il ne pourra pas empêcher une reprise des actions de blocage du phosphate »

Mais de quelle latitude peut disposer Kaïs Saïed avec des effectifs de la CPG qui ont déjà été multipliés par trois au fil des mouvements sociaux depuis 2011 – passant de 9 000 à 30 000 –alors que la production, elle, chutait de plus de la moitié ? S’est interrogée « le Monde ».