Par : Kamel Zaiem

En cette période délicate post-25 juillet 2021, la Tunisie continue à avancer malgré les aléas et les dangers derrière lesquels se cachent ceux qui se sentent être les grands perdants de cette nouvelle étape qui vient couper leur élan.

Il est vrai que déraciner un mal qui a pris place dans la vie quotidienne des Tunisiens depuis plus d’une décennie n’est point une mince affaire ou une sinécure. Ce qu’a entrepris Kaïs Saïed, le président de la République depuis trois semaines environ est loin d’être une œuvre facile et tout sera mis en œuvre par cette classe politique pourrie chassée du Parlement pour inverser la tendance et reprendre les commandes.

Des réactions en feu

Les premières réactions, celles de la danse du coq égorgé, ont émané des nahdhaouis qui ont vite fait de réclamer un appui étranger avec des menaces qui frisent le ridicule. Par la suite, on a eu droit à travers les plateaux de dialogue, à des déclarations dans des radios et chaines de télévision envahis depuis belle lurette par l’alliance au pouvoir, juste pour condamner ce qu’on a appelé un coup d’Etat.

Loin des rampes et des lumières, d’autres réactions hostiles au président de la République sont en gestation pour le décourager et pour l’inciter à faire marche-arrière.

En cette période de canicule, des incendies sont annoncés un peu partout dans les régions montagneuses et forestières. Nous ne pouvons pas évoquer un acte criminel pour chacun de ces incendies qui sont en train de se produire dans d’autres pays de la région également, mais force est de reconnaître que de tels soupçons s’imposent pour quelques cas, selon les experts en la matière et les hauts responsables de la Protection civile.

Des enquêtes sans lendemains !

D’ailleurs, près des régions montagneuses de Kasserine, la police a arrêté quatre suspects qu’elle accuse d’avoir provoqué des incendies. Certes, une enquête a été ouverte, mais ça fait déjà trois jours que les présumés criminels sont aux mains des enquêteurs sans que rien ne filtre à propos de ce qui s’est réellement passé.

Or, dans de telles situations, toute hésitation à faire appliquer la loi et tout ralentissement dans les enquêtes ne peuvent que servir les intérêts des commanditaires de tels actes qui se tiennent derrière ces suspects.

Normalement, la vérité doit être rapidement divulguée et les suspects, en cas de confirmation des accusations, doivent vite comparaître devant la justice pour servir d’exemple à tous ceux qui oseront les imiter, tout en restant sur les trousses des « têtes pensantes » de ces bandes.

Kaïs Saïed s’est, d’ailleurs, réuni avec  les membres de la Commission nationale de lutte contre les catastrophes naturelles. Une présentation du dispositif de protection des ressources agricoles et forestières et des mesures préventives mises en place pour lutter contre les feux de forêts a été présentée, mais il était évident, à travers les propos tenus par le président de la République, que des criminels se tiennent derrière la recrudescence de ces incendies, ce qui lui a fait dire, en guise de menace à ces derniers : « Vous brûlerez du même feu que vous avez allumé ».

Mea culpa

Ces incendies interviennent alors qu’une autre affaire retient l’attention des Tunisiens, celle du trafic de devises dont la mule était, tout simplement, une juge. Sans nous étaler sur le rapport des services de la Douane qui inculpent sans équivoque cette juge et sur la combine mise au point pour laisser cette femme en liberté, il y a lieu de nous référer au communiqué del’Association des magistrats tunisiens (AMT), publié le jeudi 12 août 2021, un communiqué qui appelle le Conseil de l’Ordre judiciaire à faire preuve davantage de rigueur dans le traitement des dossiers de l’ancien procureur de la République près le Tribunal de première instance de Tunis, Béchir Akremi, du premier président de la Cour de cassation Taieb Rached et de la juge interpellée, récemment, en possession de devises étrangères. L’AMT a, également, appelé l’inspection générale au ministère de la Justice à lui confier tous les dossiers dangereux dont les investigations n’ont pas encore été clôturées, rappelant l’impact du traitement de ces dossiers sur l’évaluation des magistrats. 

Une justice pas encore libérée

Il s’agit, là, d’indices fort révélateurs que la justice ne parvient pas encore à se libérer des filets de ceux qui l’avaient prise en otage pendant toute une décennie.

Or, une telle justice à plusieurs vitesses et complice dans tous les maux et catastrophes qui ont frappé le pays, est aussi dangereuse que les incendies criminels de ces derniers jours. Et pour s’y opposer vigoureusement, toutes les composantes du pays, essentiellement celles de la société civile, doivent s’y mettre pour renforcer la première ligne mise en place par Saïed.

K.Z.