Des composantes de la société civile ont appelé, lundi, le président Kais Saied à présenter une feuille de route claire sur la période à venir et formé leur inquiétude de la concentration des pouvoirs entre les mains du président de la République.
Le Syndicat National des Journalistes Tunisiens a insisté sur le besoin d’une vision claire concernant les mesures exceptionnelles annoncées dimanche soir par le président de la République, en application de l’article 80 de la Constitution.
Le président de la République, Kaïs Saïed, a décidé, dimanche, le gel de toutes les activités du parlement.
Il a décidé de lever l’immunité parlementaire de tous les députés et de poursuivre en justice ceux qui sont aux prises avec la justice. Il a ajouté qu’il présidera désormais le Ministère public.
Dans une adresse aux Tunisiens, diffusée sur la chaine de télévision Watanyia 1, Kaïs Saïed a annoncé « qu’il se chargera du pouvoir exécutif aidé en cela par un gouvernement présidé par un chef de gouvernement qu’il nommera lui-même ».
Le syndicat des journalistes propose aussi une feuille de route participative avec des délais bien définis et qui préserve le processus transitionnel.
L’association tunisienne de droit constitutionnel, a mis en garde contre d’éventuels dérives, faisant observer que le pays se trouve désormais, après le gel du parlement et la révocation du chef du gouvernement, dans une situation d’exception.
Selon l’association, la suspension des activités de l’Assemblée ne figure pas parmi les dispositions exceptionnelles pouvant être prises sur la base de l’article 80 de la Constitution.
Dans une lettre adressée au président de la République, » I Watch » a, de son côté, appelé le président de la République à présenter une feuille de route avec des délais fixes et à prévoir des mesures de contrôle devant permettre d’éviter le monopole du pouvoir.
L’organisation recommande une approche participative dans l’élaboration de la feuille de route.
Elle a appelé, dans sa lettre, à un choix judicieux du chef du gouvernement basé sur la compétence plutôt que sur l’allégeance afin d’éviter les erreurs du passé.
L’association a évoqué dans sa lettre les graves erreurs du gouvernement Mechichi l’atermoiement du parlement à installer les instances constitutionnelles et la propagation de la corruption au sein de l’appareil judiciaire, appelant le président de la République à fournir les motifs justifiant son recours à l’article 80 de la Constitution et à accélérer la mise en place de la Cour constitutionnelle.
A noter que le président Kais Saied a eu ce lundi une série d’entretiens avec les organisations nationales et des associations de la société civile dont l’Union Générale Tunisienne du Travail, qui, dans une déclaration a souligné que les mesures annoncées la veilles par le président de la République doivent être accompagnées de garanties constitutionnelles.