The centre of Tunis is deserted, amid a general confinement imposed by the authorities in a bid to slow down a surge in coronavirus infections, on May 9, 2021. - Tunisia ordered a partial lockdown as of today for the week-long Eid al-Fitr holidays, warning that any further increase in coronavirus infections could overwhelm specialist care facilities. Prime Minister Hichem Mechichi, who announced the measures two days ago, said Tunisia was going through "the worst health crisis in its history". (Photo by FETHI BELAID / AFP)

Par : Kamel Zaiem

Au moment où la Tunisie compte quotidiennement ses morts, victimes de la pandémie, aucune solution rigoureuse n’a été prise par un gouvernement qui continue à user des mêmes moyens face à une situation de tsunami qui risque de tout emporter.

En mars 2020, alors que seuls quelques cas de contamination ont été signalés, le gouvernement Fakhfakh n’a pas hésité à prendre le taureau par les cornes et à instaurer un confinement général qui a épargné au pays le pire.

Aujourd’hui, on constate que tout va curieusement à l’envers. Du côté des gouvernants comme de nos éminents spécialistes, une quasi indifférence se dégage alors que les statistiques et les courbes s’affolent.

Tout sauf le confinement

Du côté de La kasbah, de Carthage, du ministère de la Santé ou du lieu des réunions de la Commission scientifique de lutte contre le Covid-19, c’est la même froideur qui plane.

Que le nombre de décès atteigne la centaine par jour, ça commence à être un chiffre banal qui ne suscite pas de préoccupation majeure.

Que le nombre de contaminations dépasse en une seule journée les quatre mille nouveaux cas, il n’y a pas à trop s’inquiéter.

Ces chiffres appellent, pourtant, à user des solutions extrêmes afin d’arrêter l’hémorragie.

Dès lors, pourquoi voit-on le gouvernement Mechichi éviter comme la peste l’annonce d’un confinement général dans toutes les régions du pays ?

Un mauvais calcul

La réponse, quoique non convaincante, est connue : un confinement général coûtera très cher au gouvernement alors que les caisses sont désespérément vides. En 2020, il a fallu mobiliser toutes les structures su pays pour pouvoir supporter un tel fardeau, mais ce qui a été possible il y a une année l’est-il encore aujourd’hui ?

D’ailleurs, Dr Sami Mourali, le membre actif de la Commission scientifique a tenu à nous le rappeler : « Le confinement général sera limité aux zones les plus touchées par le coronavirus. Autrement dit, le confinement ne peut pas être décrété sur l’ensemble du pays en raison de ses répercussions socio-économiques ».

C’est dire que le gouvernement peut tout envisager sauf le confinement général. Et pourtant, ce qu’on redoute comme dépenses supplémentaires en cas de confinement, on risque de le payer doublement ou plus si le Covid-19 continue à faire des ravages comme c’est le cas ces dernières semaines ? Les pertes de tant de vies humaines risquent de toucher le pays beaucoup plus durement qu’une dépense imprévue qu’on peut avoir, tout compte fait, par l’octroi d’un nouveau prêt qui, au moins, sera plus utile et plus vital que la série de prêts obtenus pour être dépensés on ne sait pas où et comment.

Ils fuient leurs responsabilités

Ce gouvernement qui ne fait qu’éloigner l’échéance pour décider d’un éventuel confinement général, est en train de fuir ses responsabilités. Hichem Mechichi a jeté la balle du côté des gouverneurs pour qu’ils décident à sa place et le résultat est bien là : les mesures prises, d’une région à l’autre, sont loin d’arrêter l’hémorragie. Il n’y a qu’à se rappeler ce qui s’est passé il y a quelques jours à Siliana qui a vu près de quinze candidats au baccalauréat décider d’aller se défouler après la fin des examens, louer un minibus qui les a emmenés à Haouaria où trois d’entre eux ont péri noyés. Comment ont-ils pu quitter une ville concernée par un confinement ciblé avec une interdiction de circulation ?

Dans nos stades, on tolère dorénavant la présence du public dans des régions envahies par le Covid-19. Comment peut-on le concevoir alors que nos compétitions sportives se déroulaient à huis clos même lorsque notre pays enregistrait zéro cas il y a quelques mois.

Jusqu’où ira cette nonchalance gouvernementale qui est en train de coûter au pays la perte de plus en plus de vies humaines à cause de l’entêtement des décideurs qui ne voient que le bout de leur nez lorsqu’il s’agit de sévir et de sauver le pays.

Un constat d’impuissance

Face à cette grave situation, on ne s’étonne pas de voir de nombreuses organisations et associations régionales lancer, samedi dernier, un appel de détresse, au nom du gouvernorat de Kairouan, adressé au monde entier. Décliné dans toutes les langues officielles, l’appel est lancé à la communauté internationale et aux organisations humanitaires et de défense des droits de l’Homme pour une intervention urgente et immédiate, devant l’incapacité des autorités à gérer une situation des plus catastrophiques devant la flambée du Covid-19. Les signataires demandent notamment la mise en place d’un pont aérien humanitaire d’urgence pour le transport de fournitures médicales et de l’assistance sanitaire et l’envoi de quantités suffisantes de vaccin anti Covid-19 pour assurer la prévention de la propagation de l’épidémie.

Eh oui, nous en sommes arrivés à cet anecdotique et grave acte qui met en évidence l’incapacité du gouvernement de protéger ses citoyens et de leur assurer leur droit à la vie. Dommage…

K.Z.