Par : Kamel Zaiem

La dernière réunion de Kaïs Saïed avec d’anciens chefs de gouvernement est venue éclairer notre lanterne à propos du vacillement entre l’optimisme recommandé par Noureddine Taboubi, le patron de l’UGTT et l’amère réalité de tous les jours qui incite à être plus réservé et surtout plus inquiet.

Va-t-il devoir le prendre au sérieux, cette fois-ci ? Noureddine Taboubi, le secrétaire général de l’UGTT est plutôt optimiste sur le lancement du dialogue national, une initiative que son organisation appelle de ses vœux et qu’il tient à ce qu’elle ait lieu sous le patronage du président de la République.

Un surprenant optimisme

Au moment où toutes les parties concernées hésitent encore et ne trouvent pas leur équilibre pour annoncer se mêler à ce dialogue, l’optimisme, certes mesuré, du patron de la Centrale syndicale, permet de voir les choses de manière plus positive, même si du côté de Carthage, Kaïs Saïed, le président de la République, continue encore à souffler le chaud et le froid, approuvant l’initiative parfois, la rejetant d’autres fois, et posant souvent des conditions quasi impossibles à réunir, des atermoiements que la centrale ouvrière n’a cessé de déplorer.

Que s’est-il passé pour voir Taboubi se munir d’une telle dose d’optimisme qu’il n’a pas tardé à transmettre devant les caméras : « Il y a des indices positifs pour un règlement de la situation politique et une sortie de l’impasse actuelle » a-t-il susurré lors de la réunion d’une session de formation organisée par la Fédération générale du pétrole et des produits chimiques qu’il a présidé ce samedi selon le compte rendu publié sur la page facebook de la centrale ouvrière.

Du côté de l’UGTT, l’heure est à la mobilisation pour accompagner toute initiative de dialogue pour éviter au pays un plus évident enlisement dans sa crise actuelle. Dans ce contexte, la Centrale ouvrière appelle tous ses affiliés à « être conscients des dangers auxquels le pays est confronté » et à « être du côté de l’intérêt de la nation et de se préparer à toutes les échéances à venir pour la défense de la Tunisie avant tout ».

Un chantier ouvert

Le message est clair, mais Noureddine Taboubi ne semble pas avoir achevé son travail de sape. Le secrétaire général de l’UGTT a déjà entamé des discussions avec plusieurs personnalités politiques à propos d’une initiative de sortie de crise venant du président de la République Kaïs Saïed. Les détails de cette initiative restent encore en discussion et les différents intervenants gardent le silence autour de cette question, mais le chantier est grandement ouvert, à en croire certaines sources proches de l’UGTT.

D’ailleurs, Taboubi n’a pas manqué d’entamer un véritable marathon depuis sa dernière rencontre avec Kaïs Saïed. Il s’est entretenu avec Rached Ghannouchi, le leader d’Ennahdha avant d’aller voir Hichem Mechichi, le chef du gouvernement qui vient d’être reçu deux fois en une semaine par le président de la République, un fait devenu rarissime ces derniers temps.

D’ailleurs, l’UGTT a toujours compté sur Saïed pour mettre en place un solide Dialogue national qui permettrait au pays de sortir de sa crise, d’aller de l’avant et sauver ce qui peut encore être sauvé, vu que les clignotants sont partout au rouge.

Une révélation qui remet tout en question

Et au moment où l’initiative commune de Taboubi et Saïed prend forme, peut-on épouser l’optimisme du patron des syndicalistes lorsqu’on entend le président de la République parler de ses détracteurs et les accuser même « d’organiser des réunions à l’étranger, en vue de trouver un moyen pour écarter le président de la République même en l’assassinant », selon les dires du locataire du palais de Carthage, mercredi à l’occasion d’une réunion qui a groupé les anciens chefs de gouvernement ?

 Là, les choses prennent une nouvelle tournure et il devient, de plus en plus évident, que ce Dialogue donne l’impression de ne pas avoir lieu dans les meilleures conditions possibles avec la participation de toutes les forces politiques et les composantes de la société civile.

Pour le moment, nous ne pouvons que croiser les doigts et espérer une crédible sortie de crise et une issue basée sur la concertation et la sagesse.

Certes, l’urgence actuelle, avec une crise qui touche tous les domaines, nécessite plus de rapidité et d’esprit de sincère collaboration, mais tout reste, pour le moment, tributaire de plusieurs facteurs pas encore réunis pour crier victoire et croire au seul optimisme de Noureddine Taboubi.

Le chemin semble encore long, à moins d’une belle surprise qui, jusqu’à présent, paraît encore lointaine.

K.Z.