Algerian President-elect Abdelmadjid Tebboune waves to supporters in the capital Algiers on December 13, 2019. - Abdelmadjid Tebboune, a former ally of Algeria's deposed leader Abdelaziz Bouteflika was elected yesterday president of the protest-wracked country in a widely boycotted vote, sparking another outpouring of anger on the streets today. (Photo by RYAD KRAMDI / AFP) ALGERIA-VOTE-POLITICS

Dans une entrevue avec les médias locaux diffusée sur la chaine nationale algérienne lundi 1 Mars, le Président algérien a répondu à plusieurs questions. Il a parlé entre autres de la situation économique du pays, de l’envoi des troupes de l’armée nationale au Sahel et des manifestations du Hirak.

Le président algérien a indiqué que l’Algérie n’est pas à l’abri de cette crise économique occasionnée par la pandémie Covid-19. Toutefois, il a noté que l’amélioration de la situation économique du pays est tributaire des avancées réalisées au niveau de la lutte contre le Covid-19. « Nous ne sommes pas à l’aise financièrement, mais nous pouvons surmonter cette situation après l’amélioration de la situation épidémiologique, comme tous les pays du monde » a-t-il dit.

Dans le même contexte, Tebboune a fait savoir que les réserves de change ont dégringolé aux alentours de 43 milliards de dollars au lieu de 60 milliards. Cette dégradation est due à la chute des revenus pétroliers conjuguée aux importations injustifiées enregistrées durant l’année dernière.

« Un budget de 8 milliards de dollars suffit pour couvrir largement nos besoins notamment en semoule et en huile de table, et malgré l’année difficile qu’a connu le secteur pétrolier, nous avons pu réaliser des recettes de 24 milliards de dollars » a-t-il souligné.

Cependant, il a indiqué que le pays est capable de satisfaire ses besoins grâce à la maîtrise des flux d’importation : « L’Algérie n’est pas dans une situation d’aisance financière mais elle est toutefois en mesure d’honorer ses engagements financiers grâce à la maitrise de ses dépenses, notamment celles des importations ».

A cette occasion, il a rappelé que le limogeage du ministre des Transports et du PDG d’Air Algérie s’inscrit dans cette politique de bonne gouvernance et de lutte contre la corruption.

Il convient de signaler que le ministre du Transport et le PDG d’Air Algérie ont été congédiés le 9 Janvier suite à l’acquisition de fournitures sans tenir compte de la situation économique et des orientations de l’État en matière de dépenses en devises, selon un communiqué du gouvernement algérien.

Hors de question d’envoyer les enfants du peuple se sacrifier pour autrui

A propos de l’envoi des forces algériennes au Sahel pour combattre les terroristes dans le cadre de la coopération G5 Sahel soutenue par la France et la communauté internationale, le président algérien a confirmé que l’armée algérienne est une force frappante en Afrique et a démontré sa puissance et son efficacité.

Toutefois, il est hors de question d’envoyer les fils des Algériens pour se sacrifier pour autrui. « L’Algérie est une véritable force de frappe en Afrique. Notre armée est forte et nous avons réussi à préserver notre prolongement en Afrique et ailleurs. Il n’est pas question d’envoyer les enfants du peuple pour se sacrifier pour autrui. Cette décision sera prise en cas de besoin de dissuasion » a-t-il martelé.

Les manifestations du Hirak

Dans ce contexte, le président algérien a tenu à rappeler que les revendications légitimes du Hirak ont été réalisées pour la plus grande partie, telles que la suppression du 5ème mandat, le changement de gouvernement et la dissolution du Parlement.

« Le régime algérien est bien défini aujourd’hui. Le peuple algérien est sorti dans les rues et nous avons réalisé ses revendications. Le peuple a choisi les élections et préfère un changement institutionnel »

Interpellé sur un principe appliqué par la majorité des démocraties du monde, plaidant pour une gouvernance « civile » sans l’intervention des militaires, le Président de la République algérienne a répondu que ce slogan « n’a pas changé depuis 15 ans, depuis que cette catégorie a commencé à suivre des cours dans les pays africains et européens où on leur apprend à renverser le système de l’intérieur en utilisant le slogan + État civil et non militaire+ et autres ».

Le mouvement Hirak s’est mobilisé le 22 février 2019 pour s’opposer à la candidature du président Abdelaziz Bouteflika à un cinquième mandat. Après avoir exigé sa démission, le Hirak a revendiqué le départ de l’élite dirigeante et une transition vers une gouvernance plus démocratique sans l’intervention des militaires.