La ville de Gabès est le théâtre d’une tension judiciaire et sociale croissante. Quatre-vingt-neuf personnes ayant participé à un mouvement de protestation dans la région ont comparu devant le parquet, a confirmé Me Moncer El Adouni, président de la section régionale de l’Ordre des avocats à Gabès. Parmi elles, une vingtaine sont mineures.
Selon les déclarations de Me El Adouni à l’agence Tunis Afrique Presse (TAP) dimanche soir, ce groupe de manifestants est présenté à la justice depuis mardi 14 octobre 2025. Une autre vague de personnes arrêtées doit être présentée au parquet ce lundi.
Le magistrat a précisé que quinze des 89 individus interpellés ou en état d’arrestation ont été déférés, ce dimanche, en état de liberté devant la chambre criminelle. Ils sont poursuivis pour « présence dans un attroupement de nature à troubler la tranquillité publique ».
La situation des autres manifestants est diverse : des mandats de dépôt ont été émis contre cinq personnes, cinq autres sont toujours en état de détention dans l’attente de leur présentation devant un juge d’instruction, et trois manifestants ont été déférés au pôle judiciaire de lutte contre le terrorisme.
Ce bras de fer judiciaire fait suite à une semaine de mobilisation sociale à Gabès. Les protestataires réclament le démantèlement des unités du complexe chimique de la région. Cette colère est alimentée par une série de malaises et d’étouffements survenus récemment parmi des élèves et des habitants, imputés aux émanations gazeuses du site industriel.
Le mouvement de protestation s’inscrit dans un contexte plus large de dégradation environnementale que la région subit depuis plusieurs décennies, faisant de la question écologique une revendication sociale et sanitaire majeure pour la population de Gabès.
Source : Tap
