Trump face à l’escalade Israël-Iran : entre soutien inconditionnel et prudence stratégique

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Alors que le conflit entre Israël et l’Iran s’intensifie, les déclarations de l’ancien président américain Donald Trump oscillent entre un soutien total aux frappes israéliennes et une prise de distance prudente, jetant le trouble sur la position réelle des États-Unis. Tandis que le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou affirme que les attaques sont « pleinement coordonnées avec les États-Unis », une question cruciale se pose : quelles sont les options qui s’offrent aujourd’hui à Donald Trump ?

1. L’escalade militaire sous la pression de Netanyahou
Trump a menacé Téhéran de représailles « plus sévères » via Israël, réaffirmant son objectif prioritaire : empêcher l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. Bien qu’il soit partisan d’un accord avec Téhéran (à la différence de Netanyahou), il oscille entre menaces militaires et appels à la négociation.
Cette position est soutenue par certains de ses conseillers et partisans, adeptes de la théorie du « madman » (homme fou) en politique étrangère : selon eux, l’imprévisibilité et l’ambiguïté renforcent la pression sur l’adversaire. Ils estiment qu’une pression maximale pourrait contraindre l’Iran à reprendre les pourparlers, d’autant que Téhéran s’apprêtait à entamer un sixième cycle de négociations avec un émissaire de Trump, avant que celles-ci ne soient annulées.

2. La voie médiane : apaisement et refus de l’escalade
À ce jour, Trump insiste sur le fait que les États-Unis ne sont pas impliqués dans les frappes israéliennes. Certains membres du Conseil de sécurité nationale l’ont mis en garde contre toute implication directe, surtout après que des missiles iraniens ont causé des pertes humaines, en dépit du soutien défensif américain à Israël.
La pression est forte, mais les risques le sont tout autant. Toute escalade pourrait entacher le bilan de Trump, au moment où il cherche à éviter une guerre généralisée au Moyen-Orient.
3. Le repli sous la pression du courant « America First » et des partisans MAGA
Au sein du mouvement MAGA qui soutient Trump, les voix hostiles à toute implication dans cette guerre se font de plus en plus entendre. Beaucoup considèrent que le soutien à Israël risque d’entraîner les États-Unis dans un conflit qui ne sert pas leurs intérêts.
Le commentateur pro-Trump Tucker Carlson a vivement critiqué ce soutien inconditionnel à Israël, le qualifiant de « trahison » du principe « America First ». Des propos similaires ont été tenus par la députée Marjorie Taylor Greene.
Trump semble d’ailleurs sensible à ces pressions : il a récemment publié des messages appelant à la fin de la guerre, affirmant que l’Amérique « n’a rien à voir » avec les frappes contre l’Iran. Et face aux menaces de Téhéran visant les bases américaines, toute perte humaine américaine renforcerait le camp partisan du désengagement.
Conclusion du tableau :
Trump se trouve aujourd’hui à un tournant décisif : soit il cède aux appels à l’escalade et prend le risque d’entraîner les États-Unis dans une nouvelle guerre, soit il se range derrière sa base électorale et garde ses distances avec le conflit en attendant l’opportunité d’un retour à la table des négociations.

Nizar Jlidi Journaliste et Analyste politique

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