Trump et Macron : l’affrontement qui cache une convergence secrète sur l’Iran

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(241208) -- PARIS, Dec. 8, 2024 (Xinhua) -- French President Emmanuel Macron (R) meets with U.S. President-elect Donald Trump at the Elysee Palace in Paris, France, Dec. 7, 2024. Macron met with Trump here prior to the inauguration ceremony for the restored Notre-Dame de Paris cathedral. (Xinhua/Gao Jing)

Entre Trump et Macron : le duel verbal cache une vérité partagée… et une relance européenne des négociations nucléaires avec l’IranÀ y regarder de plus près, l’échange acerbe entre Donald Trump et Emmanuel Macron révèle un point commun que le président américain, malgré ses démentis, partage avec son homologue français : la nécessité de négocier et de parvenir à un cessez-le-feu. C’est cette voie que l’Occident cherche désormais à imposer à l’Iran, et dans ce cadre, l’Union européenne s’impose comme acteur central d’un nouveau cycle de négociations sur le programme nucléaire iranien.Pourquoi un retour à la table des négociations ? Et pourquoi maintenant ?Les négociations sur le programme nucléaire iranien ont historiquement été menées avec les États-Unis. Sous l’administration Trump, un ultimatum clair avait été fixé : soixante jours pour que l’Iran plie. Or, le soixante-et-unième jour a vu le déclenchement d’une attaque israélienne – une réponse lourde de sens, parfaitement intelligible pour Téhéran.Mais ce qui n’avait pas été anticipé, c’est la réponse iranienne, qui s’est révélée plus efficace et influente qu’escompté, affectant notablement Israël. Ce tournant impose aujourd’hui la recherche d’un nouvel interlocuteur crédible et d’un cadre alternatif pour la relance des pourparlers.Une médiation européenne crédible et alignéeLa seule entité qui puisse remplir ce rôle, acceptée par Washington et Tel-Aviv, et porteuse de leurs objectifs stratégiques, c’est l’Union européenne. Celle-ci rejette fermement le programme nucléaire iranien, sans manifester de sympathie particulière envers Téhéran. Elle incarne ainsi une position intermédiaire et légitime, capable de relancer un processus diplomatique.Le communiqué final du G7, qui réaffirme le rejet du nucléaire iranien, vient renforcer cette posture européenne et constitue la base d’une éventuelle feuille de route pour des négociations nouvelles.Deux éléments clés redessinent le cadre du dialogueCe nouveau round de négociations, s’il venait à se concrétiser, serait marqué par deux données fondamentales :

● Il s’inscrirait dans un contexte militaire très tendu, avec des bombardements en cours et un programme nucléaire iranien considérablement affaibli, notamment après les frappes ciblées qui ont endommagé son principal réacteur – aujourd’hui hors d’usage.

● Il s’imposerait sous une pression internationale croissante, empêchant l’Iran de recourir à son ultime carte : la fermeture du détroit d’Hormuz. Une telle décision aurait un impact catastrophique sur l’économie mondiale, bien au-delà des seuls intérêts américains.Macron humilié, mais non contredit sur le fondConcernant les déclarations d’Emmanuel Macron sur le départ soudain de Trump vers Washington, le président américain a répondu avec virulence, niant toute implication dans une tentative de médiation avec Téhéran. «Je ne suis pas parti pour arrêter la guerre », a-t-il affirmé, ajoutant : « Je n’ai aucun canal de communication avec l’Iran. Macron cherche juste à faire le buzz. »Des propos qui ont pu paraître humiliants pour le président français, mais les faits donnent en partie raison à son intuition : Trump a bien quitté Paris pour présider une réunion du Conseil de sécurité nationale, certes sur des dossiers internes, mais dans un contexte où la question iranienne reste omniprésente dans l’agenda stratégique américain.Ainsi, sous les déclarations et les démentis, une dynamique plus profonde se dessine : celle d’un retour progressif à la voie diplomatique, sous pression des événements, et avec l’Europe en ligne de front.

Nizar Jlidi Journaliste et analyste politique

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