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Tunisie : 19 ans de prison requis contre l’ex-ministre Mondher Zenaidi pour atteinte à la sécurité de l’État

Tunis, le 22 décembre 2025 – La Chambre crimonelle spécialisée en matière de terrorisme du tribunal de première instance de Tunis a rendu, vendredi 19 décembre, un jugement par contumace à l’encontre de l’ancien ministre et ex-candidat présidentiel Mondher Zenaidi. La cour l’a condamné à 19 ans de prison, avec exécution immédiate. Ce verdict, l’un des plus sévères jamais prononcés contre une figure politique de premier plan, couronne une procédure judiciaire ouverte il y a plus d’un an dans une affaire liée à ce que les autorités judiciaires qualifient de « sécurité de l’État ».

Un jugement par contumace pour terrorisme

Le jugement a été rendu par contumace, les autorités judiciaires affirmant que l’ancien ministre est en fuite et réside à l’étranger. Il s’agit d’un verdict de première instance, qui reste susceptible d’appel. Cette décision intervient après que la chambre d’accusation spécialisée en terrorisme de la cour d’appel de Tunis a renvoyé le dossier devant la chambre crimonelle pour procès.

Accusations graves et peines renforcées

Les charges retenues contre M. Zenaidi relèvent pour la plupart de la loi anti-terroriste. Selon des sources judiciaires, il a été jugé pour :

  • Constitution d’une entité terroriste et incitation à y adhérer.
  • Complot contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État.
  • Attentat ayant pour but de changer la forme de l’État.
  • Incitation à la désobéissance à la loi et menace à la sécurité de l’État.

La justice estime que ces actes « s’inscrivent dans le cadre d’une description qualifiée de grave et de menaçante pour la stabilité des institutions de l’État et sa sécurité nationale. »

L’enquête lancée à partir de publications sur Facebook

Les investigations dans cette affaire ont été ouvertes en septembre 2024 par le parquet. Elles se sont concentrées sur des publications sur les réseaux sociaux. Selon les dossiers de la procédure, diffusés par la radio Mosaïque , les poursuites font suite à la publication de vidéos sur une page de réseau social portant le nom de Mondher Zenaidi. Il y aurait lancé, selon le parquet, « des appels explicites à la révolution contre le régime en place, ses institutions et le président de la République. » Ce qui a conduit à son inscription sur la liste des personnes recherchées par la justice.

En son absence, un mandat d’arrêt international avait déjà été émis à son encontre le 4 octobre 2024, ainsi qu’à l’encontre d’autres personnalités comme Rafik Abdel Salam Bouchlaka, Anis Ben Dhou et Thamer Bedida, pour des publications similaires.

La réaction de Znaidi et le contexte politique

En réaction au verdict, Mondher Zenaidi, qui vit en exil, a publié une vidéo sur Facebook qualifiant le jugement de « farce judiciaire » et de « règlement de comptes politique ». Il a réitéré ses critiques envers le pouvoir en place, énumérant ses allégations de violations, et affirmant vouloir poursuivre « son parcours de combat ».

Cette condamnation intervient dans un contexte de durcissement de la répression judiciaire contre les opposants, en particulier ceux qui s’expriment depuis l’étranger. Elle survient alors que M. Zenaidi, qui fut ministre sous l’ancien président Zine El Abidine Ben Ali et candidat à la présidentielle de 2014, s’était vu autoriser à déposer un dossier de candidature pour la présidentielle de 2024, avant que celui-ci ne soit rejeté par la suite.

Ce jugement, revêtu du caractère de l’exécution immédiate, marque un tournant brutal dans le parcours de l’ancien homme politique. Il illustre également la détermination des autorités tunisiennes à utiliser l’arsenal anti-terroriste pour réprimer tout discours qu’elles considèrent comme une menace directe à l’ordre constitutionnel. L’affaire devrait rester sujette à controverse, entre la défense de la sécurité de l’État et les accusations d’instrumentalisation de la justice pour régler des comptes politiques.

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